Le spécialiste américain des bureaux partagés WeWork, en grande difficulté depuis plusieurs années, a annoncé, lundi 6 novembre, déposer le bilan afin de négocier une réduction « significative » de sa dette avec ses créanciers.
« WeWork et certaines de ses filiales ont engagé [aux Etats-Unis] une procédure de mise sous protection du “chapitre 11” [la loi sur les faillites] et ont l’intention de déposer une procédure de reconnaissance au Canada dans le cadre de la loi sur les accords entre entreprises et créanciers », a annoncé le groupe dans un communiqué. La procédure ne concerne pas ses filiales hors de ces deux pays, a ajouté le groupe, qui estime que ses « opérations mondiales vont se poursuivre, comme d’habitude ».
La procédure américaine sous chapitre 11 permet à une entreprise de renégocier sa dette avec ses créanciers ainsi que de présenter un plan de réorganisation de son activité tout en restant sous la protection de la loi, pour une période qui peut s’étendre sur plusieurs années. Le groupe espère notamment « mettre fin aux baux d’un certain nombre d’emplacements » qui ne lui rapportent pas suffisamment d’argent, précisant que les entreprises propriétaires « ont déjà reçu un préavis ».
« Il est temps pour nous de nous tourner vers l’avenir en nous attaquant énergiquement à nos anciens baux et en améliorant considérablement notre bilan », a affirmé le directeur général du groupe, David Tolley, cité dans le communiqué, pour qui « ces mesures nous permettront de rester le leader mondial d’espace de travail flexible ».
Des milliards de dollars perdus au premier semestre
WeWork avait averti au début d’août le gendarme boursier américain (SEC) qu’il craignait pour sa survie : « Il existe un doute substantiel sur la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités », avait déclaré le groupe. En cause, selon lui : les pertes financières, les besoins en liquidités et la baisse du nombre de locataires. WeWork avait expliqué avoir perdu des milliards de dollars au cours des six premiers mois de 2023, à cause de la baisse de la demande liée aux mauvaises conditions économiques.
Le sort de l’entreprise, dont le siège est à New York, dépend de « l’exécution réussie du plan de la direction visant à améliorer les liquidités et la rentabilité », avait-elle expliqué dans un document déposé à la SEC.
L’agence de notation S&P a annoncé, le 1er novembre, abaisser la note du groupe dans la catégorie « défaut partiel », après que WeWork a fait le point sur ses problèmes de paiement d’intérêts sur sa dette. « De notre point de vue, cela constitue un défaut partiel sur plusieurs tranches de sa structure de capital, parce que WeWork est aux abois, n’a pas assumé ses obligations contractuelles en payant des intérêts dans les temps et n’a pas compensé de manière adéquate tous les créanciers pour avoir temporairement renoncé à leurs droits », a expliqué S&P dans un communiqué.
Essor du télétravail
Autrefois star des start-up, WeWork avait levé des milliards de dollars auprès de SoftBank Group. Mais la gestion controversée de son fondateur, Adam Neumann, a inquiété les investisseurs, qui ont fini par l’évincer en 2019. Puis la pandémie de Covid-19 a vidé les bureaux et l’entreprise n’est pas parvenue à se redresser alors que la demande pour des locaux professionnels a chuté avec l’essor du télétravail.
La chute de WeWork a également fortement déstabilisé le groupe japonais SoftBank Group et son fonds Vision Fund, qui y avaient fortement investi, obligeant même le groupe japonais à le sauver une première fois à grands frais, venant au passage écorner l’image de visionnaire de son patron, Masayoshi Son.
WeWork a été valorisé jusqu’à 47 milliards de dollars, mais son action ne valait plus que 80 cents (75 centimes d’euro), lundi soir, à la clôture de la Bourse de New York, pour une capitalisation boursière de 44,49 millions de dollars.
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