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Bande de Gaza: pourquoi l'ordre d'évacuation lancé par Israël semble "impossible" pour l'Onu

Alors que Tsahal appelle des centaines de milliers de Gazaouis à quitter le nord du territoire, un tel déplacement de population en un laps de temps si court, sur une si petite surface, est jugé "techniquement et logistiquement impossible" par l'Onu et d'autres organisations internationales.

Une course contre la montre qui s'enclenche. Ce vendredi, les Nations unies ont indiqué avoir été informées jeudi soir par l'armée israélienne que les près de 1,1 million de Palestiniens résidant dans le nord de la bande de Gaza devaient se diriger au sud de l'enclave sous 24 heures. Une annonce qui laisse envisager l'imminence d'une opération militaire au sol. L'ultimatum doit prendre fin dans la nuit de vendredi à samedi, soit une semaine pile après les attaques terroristes du Hamas.

Dans un tweet publié en langue arabe quelques minutes plus tard, Avichay Adraee, lieutenant-colonel de Tsahal, a également appelé les habitants de la bande de Gaza à se rendre au sud du cours d'eau Wadi Gaza, les appelant à s'éloigner "des terroristes du Hamas qui vous utilisent comme boucliers humains."

‎"Il ne sera pas autorisé à retourner dans la ville de Gaza à moins qu'une déclaration ne l'autorise. Il est interdit de s'approcher de la zone de clôture avec l'État d'Israël", ajoute le militaire.

Plus tard dans la matinée, le Hamas a rejeté cette évacuation. "Notre peuple palestinien rejette la menace des dirigeants de l'occupation (israélienne, ndlr) et ses appels à quitter leurs maisons et à fuir vers le sud ou l'Egypte", affirme le mouvement dans un communiqué.

Forte densité de population

L'évacuation du 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza en un délai si court semble infaisable. À l’heure actuelle, on estima à 400.000 les habitants qui ont déjà quitté cette zone afin d'échapper aux incessants pilonnages de l'armée israélienne de ces derniers jours.

La carte de la bande de Gaza et la délimitation par le Wadi Gaza
La carte de la bande de Gaza et la délimitation par le Wadi Gaza © BFMTV

Avec une superficie de seulement 365 km² pour un peu plus de deux millions, d'habitants, la bande de Gaza est extrêmement dense, et la population venue du nord du territoire ne peut techniquement pas se retrouver intégralement au sud.

À cela, il faut ajouter que l'Égypte a fermé sa frontière afin d'éviter, comme ce fut le cas en marge des intifadas de 2005 et 2008, que des Palestiniens ne se retrouvent perdus dans le désert du Sinaï.

Alors que la riposte d'Israël semble inéluctable, il faut également rappeler que l'essence manque dans la bande de Gaza, ce qui rend difficiles les déplacements, et que le réseau routier a été grandement endommagé par les attaques aériennes israéliennes.

"Pas possible"

Invité sur l'antenne de BFMTV ce vendredi, Fréderic Joli, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge en France, estime que ce déplacement n'est "techniquement et logistiquement pas possible" et que cet "ultimatum ingérable" aura des "conséquences humanitaires catastrophiques."

"Ce sont des gens affaiblis par ce qui s'est passé cette semaine et qui doivent maintenant se déplacer brutalement avec une population civile, des femmes, des enfants, des personnes âgées, des malades", liste-t-il, ajoutant sue "toutes les pénuries se sont accumulées" ces derneirs jours.

Pour sa part, l'ONU a estimé dans un communiqué "qu'il est impossible qu'un tel mouvement s'opère sans des conséquences humanitaires dévastatrices" et a appelé Israël à lever son ultimatum.

L'ambassadeur israélien auprès de l'Onu a décrit comme "honteuse" la réponse des Nations unies au préavis. Gilad Erdan a ajouté que l'Onu devrait plutôt se focaliser sur la condamnation du Hamas et soutenir le droit d'Israël à se défendre.

Les autorités palestiniennes ont informé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qu'il était "impossible" d'évacuer les patients vulnérables des hôpitaux du nord de Gaza, comme l'exige l'armée israélienne, a indiqué l'agence onusienne vendredi. "Avec les frappes aériennes (israéliennes, NDLR) en cours, les civils n'ont plus aucun endroit sûr où aller", a expliqué Tarik Jasarevic, un porte-parole de l'OMS lors d'un point de presse de l'ONU à Genève.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV