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Une escorte de Total lors de l'inauguration de la construction d'une école financée par la multinationale.
Une escorte de Total lors de l'inauguration de la construction d'une école financée par la multinationale.
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Bassins mortels et cancers : comment Total a empoisonné l’eau, l’air et la terre au Yémen

Toxique affaire

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Alors que TotalEnergies fait déjà l’objet de deux poursuites judiciaires en France pour des suspicions de crimes environnementaux et sanitaires, « Marianne » révèle que l’entreprise était bien consciente de ses pratiques illégales et néfastes dans ce pays du Moyen-Orient.

« En 2010, j’étais de la première promotion d’ingénieurs pétroliers yéménites à rejoindre Total. C’était un rêve d’intégrer une telle entreprise. » Abdallah Ben Talib, 27 ans, est alors affecté sur le champ pétrolier de Kharir, appelé Bloc 10, situé dans l’Hadramaout, vaste territoire de l’est du Yémen. Le jeune homme est fier de participer à l’extraction de l’or noir sur sa terre natale. Mais il est très vite rattrapé par la réalité.

Depuis 1996 et le début de l’activité de TotalEnergies EP Yémen dans la région, la multinationale ne respecte pas certains standards de base de gestion des déchets toxiques générés par le pétrole sortant de terre. « J’étais choqué, Total faisait absolument tout le contraire de ce que j’avais appris durant ma formation. » Lors de sa remontée à la surface, le pétrole est naturellement mélangé à de l’eau – de l’eau de production, selon le jargon. Pour rendre exploitable l’hydrocarbure, Total doit la séparer et la traiter. Ce liquide venu des profondeurs comporte en effet des particules radioactives, une très haute salinité, des métaux lourds, un cocktail chimique hautement cancérigène appelé BTEX (benzène, toluène, éthylbenzène, xylènes), ou encore du baryum, une substance qui peut entraîner des troubles musculaires et cardiaques.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne