Un navire transite par le canal de Suez vers la mer Rouge le 10 janvier 2024 à Ismailia, en Egypte.

Un navire transite par le canal de Suez vers la mer Rouge le 10 janvier 2024 à Ismailia, en Egypte.

Getty Images via AFP

Les faits essentiels

La Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction des Nations unies, tient à partir de ce lundi des audiences sur les conséquences juridiques de l’occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967, avec un nombre inédit de 52 pays appelés à témoigner. Les Etats-Unis, la Russie ou encore la Chine s’adresseront aux juges lors d’une session répartie sur une semaine au Palais de la Paix à La Haye, siège de la CIJ.

Le 31 décembre 2022, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ un "avis consultatif" non contraignant sur les "conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est". La résolution avait été adoptée avec 87 voix pour, 26 contre et 53 abstentions, les Etats occidentaux étant partagés sur la question tandis que les pays arabes avaient unanimement voté pour. Ces audiences sont totalement distinctes des récentes requêtes très médiatisées de l’Afrique du Sud auprès du principal organe judiciaire de l'ONU.


Les infos à retenir

⇒ Israël fait du ramadan la date butoir pour une offensive contre Rafah

⇒ Trois Palestiniens ont été tués dimanche dans le nord de la Cisjordanie occupée

⇒ Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a accusé Israël de commettre un "génocide" des Palestiniens dans la bande de Gaza


Les revenus du canal de Suez ont "baissé de 40 % à 50 %" en 2024

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a annoncé ce lundi que les revenus du canal de Suez, l’une des principales rentrées en devises du pays, avait "baissé de 40 à 50 %" depuis le début de l’année après les attaques des rebelles yéménites houthistes.

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Les houthistes affirment viser des navires liés à Israël ou à ses soutiens en solidarité avec la bande de Gaza bombardée sans répit depuis l’attaque meurtrière inédite du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien. Leurs attaques ont poussé de nombreux armateurs à contourner l’Afrique et à suspendre les transits par la Mer rouge et le Canal de Suez, par où transitent habituellement 12 à 15 % du trafic mondial, selon l’UE.

Ce lundi, les houthistes du Yémen, soutenus par l’Iran, ont par ailleurs dit avoir frappé un navire britannique dans le golfe d'Aden, la société de sécurité maritime Ambrey ayant signalé dans la nuit une attaque contre un navire immatriculé au Royaume-Uni. Les rebelles yéménites ont pris pour cible "un navire britannique dans le golfe d'Aden, le RUBYMAR, avec des missiles navals", a déclaré le porte-parole militaire des houthistes, Yahya Saree, dans un communiqué.


Gaza : Israël fait du ramadan la date butoir pour une offensive contre Rafah

Israël a averti que son armée lancerait une offensive contre Rafah si les otages israéliens détenus à Gaza n’étaient pas libérés d’ici au début du ramadan, en dépit des pressions internationales visant à protéger les quelque 1,4 million de Palestiniens entassés dans la ville. "Si d’ici au ramadan, les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah", a déclaré dimanche à Jérusalem le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou. "Le Hamas a le choix. Ils peuvent se rendre, libérer les otages et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du ramadan", a ajouté l’ex-chef de l’armée dans un discours devant la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines. Le ramadan, le mois saint des musulmans, doit commencer autour du 10 mars.

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Alors que les espoirs de trêve s’éloignent, une partie de la communauté internationale s’inquiète des retombées qu’une opération militaire aurait pour la population civile vivant dans des conditions souvent précaires à Rafah, adossée à la frontière fermée de l’Egypte.


L’UE lance sa mission maritime en mer Rouge

L’Union européenne a officiellement lancé ce lundi sa mission de protection du trafic maritime en mer Rouge, perturbé par des attaques des rebelles houthis, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. "L’Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux", s’est félicitée Ursula von der Leyen sur le réseau X.


Un ministre palestinien accuse Israël d'"apartheid" devant la CIJ

Le chef de la diplomatie palestinienne, Riad Al-Maliki, a déclaré ce lundi devant la CIJ que son peuple subissait le "colonialisme et l’apartheid" sous l’occupation israélienne. "Les Palestiniens subissent aussi bien le colonialisme et l’apartheid" et "certains s’indignent de ces paroles mais ils devraient s’indigner de la réalité qui est la nôtre", a déclaré Riad Al-Maliki à La Haye.

Riad Al-Maliki a appelé la CIJ à déclarer l’occupation illégale et à ordonner d’y mettre fin "immédiatement, totalement et sans condition". "Une justice retardée équivaut à un déni de justice, et le peuple palestinien est privé de justice depuis bien trop longtemps", a-t-il affirmé. "Il est temps de mettre fin aux deux poids, deux mesures" dont souffre le peuple palestinien "depuis trop longtemps" a ajouté le chef de la diplomatie palestinienne.


Cisjordanie : trois Palestiniens tués, dont un cadre d’un groupe armé

Trois Palestiniens ont été tués dimanche dans le nord de la Cisjordanie occupée, dont un cadre d’un groupe armé au cours d’un raid israélien, selon des sources concordantes. A Tulkarem, deux hommes, âgés de 19 et 36 ans, ont été tués par balle à la suite du raid effectué par les forces israéliennes dans le camp de déplacés, l’un des plus grands de la région, a annoncé le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie. Au moins cinq autres personnes ont été blessées dans cette opération, a de son côté dit le Croissant-Rouge palestinien.

L’armée israélienne a expliqué que des soldats étaient allés arrêter un homme, Mohammed Oufi, soupçonné d’avoir "participé à des attaques contre les forces israéliennes et des meurtres de personnes soupçonnées de collaborer avec elles à Tulkarem". "Des terroristes ont ouvert le feu et jeté des explosifs sur les forces israéliennes, qui ont répliqué", tuant le suspect qui était "armé", a-t-elle ajouté, précisant qu’un policier israélien avait été "grièvement blessé et hospitalisé". Dans un communiqué, les brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah, le mouvement du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ont salué le "sacrifice" des deux hommes, précisant que Mohammed Oufi était l’un de leurs cadres dans la région.

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Un autre Palestinien a été tué par les forces israéliennes au cours d’un incident à un poste de contrôle près de Naplouse, à quelque 35 km à l’est de Tulkarem, a annoncé le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Les forces israéliennes ont confirmé dans un communiqué avoir "neutralisé" un homme qui "était sorti d’un véhicule, s’était dirigé vers des soldats (israéliens) et avait continué à avancer vers eux en ne donnant aucune réponse alors qu’ils l’interpellaient". Ces incidents interviennent dans un contexte de vives tensions et d’intensification des violences en Cisjordanie depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre et le début de la guerre dans la bande de Gaza.


Lula accuse Israël de "génocide" à Gaza

Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a accusé dimanche Israël de commettre un "génocide" des Palestiniens dans la bande de Gaza, établissant le parallèle avec l’extermination des juifs mise en œuvre par le régime hitlérien. "Ce qui se passe dans la bande de Gaza n’est pas une guerre, c’est un génocide", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva à la presse depuis Addis-Abeba, en Éthiopie, où il assiste à un sommet de l’Union africaine.

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"Ce n’est pas une guerre de soldats contre des soldats. C’est une guerre entre une armée hautement préparée et des femmes et des enfants", a ajouté le dirigeant brésilien, vétéran de la gauche. "Ce qui se passe dans la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s’est produit à aucun autre moment de l’histoire. En fait, cela s’est déjà produit : lorsque Hitler a décidé de tuer les juifs", a-t-il martelé. Le dirigeant de 78 ans avait condamné l’attaque du 7 octobre du Hamas contre Israël en la qualifiant d’acte "terroriste" dans la foulée. Mais il s’est depuis lors montré très critique à l’égard de la campagne militaire de représailles d’Israël.

"Les propos du président brésilien sont honteux et graves" et "j’ai décidé avec le ministre des Affaires étrangères Israël Katz de convoquer immédiatement l’ambassadeur du Brésil en Israël pour le sermonner vivement", a réagi dans l’après-midi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. "Comparer Israël à la Shoah nazie et à Hitler, c’est franchir la ligne rouge", a ajouté le Premier ministre israélien dans un communiqué.

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