L’année 2022 s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé sur le front de la lutte contre le dérèglement climatique en France. Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 2,5 % dans le pays l’an dernier, selon des chiffres provisoires publiés, lundi 3 avril, par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’organisme mandaté pour réaliser l’inventaire français des émissions. Les rejets carbonés ont donc repris leur trajectoire à la baisse. Ils avaient en effet connu un important rebond en 2021 (+ 6,4 %), après le recul historique de 2020, lié au Covid-19 et aux confinements (− 9,6 %).
La majeure partie des évolutions de 2022, comme les années précédentes, est toutefois liée à des facteurs conjoncturels. « Reste à savoir si l’on pourra bientôt observer une baisse pérenne des émissions, liée à des facteurs structurels », selon Colas Robert, ingénieur au Citepa.
Après avoir quasi stagné sur les neuf premiers mois de l’année (− 0,3 %), les émissions, responsables du réchauffement climatique, ont connu une forte baisse au cours du dernier trimestre par rapport à 2021 (− 9 % en octobre, − 11 % en novembre, − 5 % en décembre).
Sobriété énergétique
Par secteurs d’activité, le tableau est davantage contrasté. Les rejets ont chuté de 15 % dans le secteur résidentiel/tertiaire, pour atteindre le niveau le plus bas depuis 1990. Ce décrochage, particulièrement fort en avril-mai et entre octobre et décembre, s’explique notamment par une forte réduction de la consommation d’énergies fossiles « dans le contexte de crise énergétique, avec une hausse des prix du gaz et des produits pétroliers, des appels à la sobriété énergétique auprès des ménages et des entreprises, un recours accru au bois et un hiver très doux », précise le Citepa. Le mois d’octobre a été le plus chaud jamais enregistré en France, et des records de douceur se sont maintenus jusqu’à mi-novembre et sur la dernière quinzaine de décembre.
Les émissions ont également reculé de 8 % dans l’industrie manufacturière, en raison d’une réduction de la consommation de gaz naturel dans les petites industries, de charbon et de métaux ferreux dans les sites de sidérurgie, et d’une diminution de la production de certaines branches (chimie inorganique, ciment).
A l’inverse, les émissions ont progressé de 8 % dans l’énergie en 2022. L’arrêt d’un nombre inédit de réacteurs nucléaires, pour des raisons de maintenance et de corrosion sur des tuyauteries, a généré un recours plus important aux centrales à gaz et au charbon, dans un contexte de hausse des prix du gaz à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine. « La consommation d’électricité a néanmoins été amoindrie par les appels à la sobriété énergétique », note le Citepa.
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