Guerre en Ukraine : Pourquoi plafonner le prix du pétrole russe alors qu’il est sous embargo ?

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Les Européens se sont entendus à la veille du week-end sur un plafonnement du prix du pétrole russe à 60 dollars le baril. Une décision qui peut surprendre alors que les 27 ont décrété un embargo sur le brut en provenance de Russie à partir de ce mardi 6 décembre.

Le pétrole russe a rapporté aux autorités du Kremlin 67 milliards de dollars depuis février 2022

C’est sûr, fixer un plafond pour le prix d’un produit que l’on a décidé de ne plus acheter, peut paraître absurde. C’est en réalité le moyen, plutôt malin, qu’ont trouvé non seulement les Européens, mais en réalité tous les pays du G7, pour rendre leur embargo efficace. Très concrètement, le plafonnement à 60 dollars va s’imposer à tous les propriétaires de tankers et à leurs assureurs. Et comme ils représentent ensemble l’essentiel du transport de pétrole mondial, cela signifie qu’ils ne pourront plus convoyer du pétrole russe à plus de 60 dollars. Et ce, quel que soit sa destination. Moscou ne pourra donc pas vendre au reste du monde à un prix supérieur le brut que les membres du G7 ne lui achètent plus. Voilà de quoi limiter les ressources que Vladimir Poutine tire de ses ventes d’or noir. Pour mémoire, elles se sont élevées à 67 milliards de dollars depuis le début de la guerre en Ukraine. Un chiffre à comparer avec les 60 milliards du budget militaire russe.

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On comprend bien l’objectif. Mais pourquoi ne pas avoir fixé ce plafond plus bas, alors que le baril de brent vaut en ce moment autour de 85 dollars ? C’est ce que demandaient la Pologne et les Etats baltes notamment, pour mettre un maximum de pression sur Moscou. Mais le remède risquait d’être pire que le mal. Car cela revenait à sortir le pétrole russe du marché mondial et donc à provoquer une flambée des prix du brut préjudiciable à l’ensemble des économies de la planète. 60 dollars est donc le fruit d’un compromis. Un prix d’équilibre, qui pourra être ajusté si les cours chutent pour continuer à imposer une décote. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les pays de l’OPEP réunis hier n’ont pas réagi à ces annonces. C’est le signe d’un isolement accru de Moscou et du bon calibrage de cette mesure.

François Vidal

 

 

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