22
oct
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Tatiana KASTOUEVA-JEAN, citée dans L'Express par Emma Collet et Paul Véronique

La guerre Israël - Hamas, du "pain bénit" pour Poutine

Pour le chef du Kremlin, le conflit au Proche-Orient offre une occasion inespérée d’affaiblir les Occidentaux dans la région. Avec l’espoir d’en tirer parti en Ukraine.

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Sur les chaînes Telegram russes, on en exulterait presque. "Ce désordre est bénéfique pour la Russie, car le crapaud mondialiste sera distrait de l’Ukraine et s’emploiera à essayer d’éteindre l’éternel feu du Moyen-Orient", réagissait, dès le 7 octobre, jour de l’attaque du Hamas contre Israël, l’animateur télé russe Sergueï Mardan.

Enlisé depuis plus d’un an et demi dans une guerre en Ukraine dont il peine à trouver une issue, Vladimir Poutine voit dans l’embrasement au Proche-Orient une occasion inespérée de conforter son discours anti-Occident - dont les chancelleries soutiennent Israël, comme l’Ukraine -, et espère bien en récolter les fruits sur le plan diplomatique.

 

"Cette crise est du pain bénit pour Poutine, résume Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Il l’utilise pour critiquer le 'deux poids, deux mesures' des Occidentaux qui, selon lui, condamnent les bombardements des populations civiles en Ukraine mais s’abstiennent de le faire au Proche-Orient."

Rallier les pays du Sud

Le moyen, pour le maître du Kremlin, de relativiser à peu de frais ses propres crimes de guerre en Ukraine. "Poutine cherche à mettre à profit cette crise pour cristalliser autour de la Russie les voix des pays du Sud global, abonde Sarah Fainberg, experte en défense et sécurité à l’université de Tel-Aviv. Il s’agit des pays non-alignés, ou neutres, qui ne souhaitent pas prendre parti en Ukraine et trouvent la position américaine absolument hypocrite." L’idée étant d’ancrer encore plus solidement cette attitude. Une posture d’un "cynisme total", glisse une source diplomatique européenne.

Après le blocage par les Etats-Unis, le 18 octobre, d’une résolution de l’ONU appelant à une "pause humanitaire" entre le Hamas et Israël, la diplomatie russe s’est fait un malin plaisir de dénoncer une décision aux "conséquences monstrueuses" reflétant "l’échec de la politique américaine" dans la région. "La Russie n’a pas les moyens de mettre en place un nouvel ordre moyen-oriental, mais elle peut affaiblir fortement les positions occidentales, voire les évincer de la région", livre Jean-Sylvestre Mongrenier, directeur de recherches à l’institut Thomas More. Quitte à égratigner Israël au passage. "Le droit à l’autodéfense ne signifie pas avoir une licence pour des représailles massives et indiscriminées", a tancé, le même jour, le ministère russe des Affaires étrangères, dans une critique à peine voilée de l’Etat hébreu.

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"Il y a un risque de dispersion des capacités financières et militaires, relève Tatiana Kastouéva-Jean, de l’Ifri. Si les Etats-Unis ou l’Europe doivent livrer des armes à Israël, il est fort probable qu’il y en aura moins pour l’Ukraine." 

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