Le salaire minimum espagnol augmente à nouveau de 8 %
Le SMI passe à 1.080 euros bruts par mois. Au total, il aura été relevé de 47 % depuis l'arrivée au pouvoir des socialistes en juin 2018.
Par Cécile Thibaud
Le salaire minimum interprofessionnel (SMI) passera à 1.080 euros bruts par mois, soit 80 euros de plus, avec effet rétroactif au 1er janvier. C'est ce qu'a annoncé le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez au Sénat mardi après-midi.
Cette augmentation se fera sur un total annuel de 14 mensualités, suivant les modalités établies par la législation du travail espagnole, ce qui représente l'équivalent de 1.260 euros bruts sur 12 mois. Il s'agit de la septième hausse du SMI décrétée depuis l'arrivée au pouvoir du leader socialiste, en juin 2018. Au total, il aura été relevé de 47 % en cinq ans.
C'est « un jour très important pour les travailleuses et travailleurs de notre pays », a indiqué sur Twitter la ministre du Travail, Yolanda Diaz . « Grâce à l'accord avec les syndicats, nous rendons effectif l'un des grands engagements de la législature », ajoute-t-elle en rappelant que le gouvernement de gauche s'était fixé comme objectif de relever les bas salaires afin qu'ils atteignent au moins 60 % du salaire espagnol moyen, selon les recommandations de la charte sociale européenne.
Compenser la perte du pouvoir d'achat
Depuis des semaines, la ministre du Travail cherchait à trouver un point d'entente avec les partenaires sociaux pour compenser les effets de la perte du pouvoir d'achat sur les bas salaires, alors que l'inflation a été de 5,7 % sur l'année 2022 et que les produits alimentaires ont augmenté de 15,7 % . Mais après des mois de concertation sociale et en dépit du succès des négociations compliquées sur la réforme du travail , elle a dû cette fois jeter l'éponge.
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La confédération patronale CEOE a refusé de cautionner une nouvelle hausse du SMI estimée prématurée et périlleuse pour nombre de PME en situation financière fragile. Elle avait pour sa part proposé 1.040 euros mensuels, soit une hausse 4 %, en posant pour condition, d'une part la création d'un régime spécial de déductions pour les agriculteurs, et d'autre part l'engagement d'une révision des contrats en cours dans le secteur public, afin que l'augmentation du SMI puisse être répercutée.
2 millions de salariés
L'offre patronale était considérée largement insuffisante par les principaux syndicats du pays (Commissions ouvrières et UGT), qui visaient une augmentation de 10 % à 1.100 euros mensuels . Le gouvernement a finalement penché un peu plus du côté syndical avec sa décision qui devrait bénéficier à près de 2,5 millions de salariés.
Les polémiques autour du relèvement du SMI ont accompagné toute la législature de Pedro Sanchez. Tandis que les syndicats réclamaient de faire converger les salaires vers le reste de l'Europe, certains experts avertissaient du risque de déséquilibrer les secteurs les plus fragiles de l'économie et de provoquer la destruction d'emplois. En dépit de ces mauvais augures, les effets adverses sont restés jusqu'ici mineurs et l'Espagne a continué de créer des emplois, avec près de 280.000 nouveaux postes en 2022.
Cécile Thibaud (Correspondante à Madrid)