Sachets de nicotine, de tabac ou encore billes aromatiques pour cigarettes, ces produits entraînent de plus en plus d’intoxications, principalement d’enfants et adolescents, alerte l’Anses dans un rapport de toxicovigilance publié jeudi 30 novembre, appelant à « une vigilance particulière » sur les sachets de nicotine.

Non seulement l’offre de produits du tabac, connexes — sans tabac mais avec de la nicotine — ou d’arômes pour les produits du tabac « ne cesse de se diversifier », mais « des produits plus anciens, voire interdits, sont également consommés : tabac à mâcher et snus (tabac en sachet à usage oral) », précise l’agence sanitaire.

Un bilan des appels aux centres antipoison entre début 2017 et fin 2022 pour ces cinq produits a montré que le nombre d’appels « n’a cessé d’augmenter depuis 2020 » pour les sachets de nicotine, le snus et les billes aromatiques, selon l’Anses.

Vomissements, convulsions

« Les enfants et adolescents sont les principales victimes », constate-t-elle. Pour les sachets de nicotine ou de snus, les intoxications, avec parfois des syndromes sévères (vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions…), concernent majoritairement des 12-17 ans, après une consommation « intentionnelle ».

Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et se glissent entre la lèvre et la gencive. Malgré une présentation proche, ils diffèrent du snus, interdit en Europe, Suède exceptée.

Vu un nombre de cas « probablement sous-estimé » et une publicité « importante sur les réseaux sociaux ciblant les jeunes », l’Anses a jugé « urgent de sensibiliser la communauté éducative, les professionnels de santé et l’entourage des jeunes aux risques », immédiats mais aussi de dépendance nicotinique.

Pas de statut clair ni de contrôle

Appelant à « la vigilance » sur les sachets de nicotine « rendus très attrayants pour les jeunes », la coordinatrice de l’étude, Cécilia Solal, a exhorté à « un cadre réglementaire pour ces produits », jusqu’alors sans « statut clair » ni « aucun contrôle ». Des enfants ont aussi été intoxiqués – généralement peu gravement mais une dizaine se sont retrouvés à l’hôpital, après l’ingestion accidentelle de tabac à mâcher ou à chauffer.

L’Anses signale également « une nouvelle source d’accidents domestiques avec les billes aromatiques » à insérer dans le filtre de la cigarette, nées d’un détournement de l’interdiction d’arômes pour les cigarettes ou le tabac à rouler.

De trois en 2020, les appels aux Centres antipoison concernant ces produits sont passés à 86 en 2022, dans trois quarts des cas pour des enfants de moins de trois ans. C’était « toujours des ingestions accidentelles », concernant aussi des adultes ayant confondu ces billes avec des bonbons ou aspiré une bille mal insérée.

Comme « les emballages de ces produits comportent des dessins de fruits aux couleurs vives et ne sont pas munis de fermeture de sécurité », l’Anses plaide pour une présentation moins attractive.