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Quatre questions sur les sangs rares, ces groupes sanguins méconnus

L'Etablissement français du sang lance lundi la troisième édition de la semaine de sensibilisation aux sangs rares. Près de 700.000 personnes seraient concernées dans l'Hexagone. Qui sont-elles ? Comment définir un sang rare ? Explications.

Environ 250 groupes sanguins rares sont identifiés dans l'Hexagone.
Environ 250 groupes sanguins rares sont identifiés dans l'Hexagone. (iStock)

Par Tifenn Clinkemaillié

Publié le 27 janv. 2024 à 15:00

Duffy, Bombay, Gerbich négatif ou encore Dantu… ces noms ne sont pas ceux de personnages de dessins animés, mais de groupes sanguins. Car au-delà des courants A, B, O, et de leurs Rhésus, il en existe une multitude d'autres à travers le monde.

Particularité, ces groupes sont moins représentés : on les appelle les sangs rares. Véritable enjeu de santé publique, leur collecte est essentielle pour sauver des vies. Explications, à l'occasion de la semaine nationale de sensibilisation aux sangs rares, organisée par l'Etablissement français du sang (EFS).

1. Qu'est-ce qu'un sang rare ?

Il n'existe pas moins de 40 systèmes de groupes sanguins. Ces derniers permettent de classer les individus, et de définir la compatibilité optimale lors d'une transfusion de sang. Les plus connus sont les systèmes A, B, O et Rhésus. Si le groupe sanguin O + est le plus courant au sein de l'humanité, le groupe A + est le plus répandu dans la grande majorité des pays d'Europe.

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Si ces grands groupes sont les plus répandus, d'autres le sont moins : c'est ce que l'on appelle les sangs rares. En France, un groupe sanguin est dit « rare » lorsque moins de 4 personnes sur 1.000 le possèdent dans la population et « qu'il n'existe pas d'autres groupes sanguins compatibles pour transfuser ces patients », indique l'EFS.

Il est possible d'être porteur d'un sang rare en étant rangé dans une des huit catégories classiques. Le découvrir nécessite des analyses approfondies portant sur des caractéristiques génétiques fines. Certains autres groupes sont extrêmement rares. C'est le cas de ceux appelés Bombay (une personne sur un million en Europe) ou Rhésus nul (une cinquantaine d'individus dans le monde).

Environ 250 groupes sanguins rares sont identifiés dans l'Hexagone. Près de 700.000 individus seraient concernés. « La très grande majorité d'entre eux, n'auront heureusement jamais besoin d'être transfusés », souligne l'EFS.

2. Qui est concerné ?

Les groupes sanguins ne sont pas représentés de la même façon dans le monde. Et certaines populations ont plus de chances d'appartenir à un groupe sanguin rare. En France métropolitaine, les personnes originaires du continent africain, des Antilles, et de l'océan Indien ou bien ayant des ancestralités africaines ont davantage de probabilité d'être porteuses d'un groupe sanguin rare.

3. Pourquoi de telles disparités ?

C'est en Afrique que la diversité génétique est la plus importante au monde. La raison est simple : « l'origine de l'homme moderne est africaine et la population africaine […] a eu le temps d'accumuler cette diversité génétique et de produire tous ces groupes sanguins différents », expliquait à franceinfo le professeur Jacques Chiaroni, directeur de l'antenne de l'EFS en Provence-Alpes-Côte d'azur et Corse.

La sélection naturelle a elle aussi joué un rôle. Au fil du temps certaines populations ont ainsi été exposées au paludisme ou au choléra. Et les groupes sanguins les plus résistants se sont imposés, car les personnes porteuses ont survécu. C'est par exemple le cas du Duffy négatif en Afrique, qui permet d'échapper à une forme de paludisme, que l'on retrouve aussi dans les Antilles et en Guyane, du fait de la traite des Noirs. Car la dissémination planétaire de ces groupes sanguins est aussi liée aux migrations.

4. Pourquoi est-ce un enjeu de santé publique ?

L'établissement français du sang estime que seulement 10 % des porteurs de sangs rares savent qu'ils appartiennent à ces groupes méconnus. L'enjeu est pourtant de trouver des donneurs compatibles, au risque de créer un déséquilibre avec les besoins des malades. Pour rappel, si le sang transfusé n'est pas adapté, la transfusion peut, dans les cas les moins graves, ne pas fonctionner, mais aussi entraîner le décès du patient.

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Les besoins sont particulièrement importants pour la drépanocytose, une maladie du sang qui touche surtout les gens d'origine africaine et qui nécessite des transfusions périodiques. Et faute de sang, il peut être nécessaire d'importer du sang rare. Aujourd'hui, les produits sanguins rares peuvent même être congelés afin d'en disposer en cas de besoins. Ils peuvent être conservés près de 30 ans et sont stockés essentiellement au sein de la Banque Nationale de Sang de Phénotype Rare.

Mais la question, pouvant prêter à des interprétations raciales, voire racistes, reste délicate. L'enjeu, pour l'ESF est d'éviter la stigmatisation. « Nous avons tous les jours des populations européennes transfusées avec du sang de donneurs d'origine africaine et inversement », rappelait déjà le professeur Jacques Chiaroni, lors de la première édition de la semaine de sensibilisation aux sangs rares.

Tifenn Clinkemaillie

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