INTERNATIONAL - Un attentat à la voiture bélier a fait sept blessés ce mardi 4 juillet à Tel-Aviv, pendant que l’armée israélienne poursuivait une opération de grande envergure dans laquelle douze Palestiniens ont été tués dans le nord de la Cisjordanie occupée. Après l’attaque, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé le cercle vicieux des violences en Israël et en Cisjordanie occupée.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a salué une attaque « héroïque », parlant « d’une première réponse aux crimes contre notre peuple dans le camp de Jénine », où Israël mène depuis lundi sa plus importante opération militaire en Cisjordanie depuis l’assaut de 2002. Une porte-parole de l’armée a annoncé à l’AFP que les troupes israéliennes commençaient à se retirer.
Un Palestinien a écrasé au volant d’une voiture mardi des civils dans le nord de Tel-Aviv, faisant sept blessés avant de poignarder des passants avant d’être abattu par un civil. Sur les lieux de l’attaque, le chef de la police, Yaakov Shabtai, a déclaré que le « terroriste » était un habitant de Cisjordanie qui a été abattu par un passant.
« Guerre ouverte »
À Jénine, survolée par des drones, les magasins sont restés fermés mardi, a rapporté un correspondant de l’AFP. Les rues quasi désertes sont jonchées de débris et de pierres, le bitume est éventré et la chaussée est noircie autour de barricades improvisées. « Le camp de réfugiés est confronté à une situation désastreuse », a affirmé à l’AFP le maire de Jénine, Nidal Abu Saleh, qui a évoqué des coupures d’électricité et d’eau sur place.
L’armée israélienne a annoncé avoir frappé « un centre d’opérations conjointes » d’un groupe armé local, la Brigade de Jénine et plusieurs cibles dont quatre « ateliers de fabrication d’explosifs ». « Cent vingt suspects palestiniens » ont été appréhendés depuis lundi tandis « qu’environ 300 terroristes armés se trouvent encore à Jénine, la plupart cachés », a indiqué l’armée.
« Nous agirons aussi longtemps que nécessaire pour éradiquer le terrorisme », a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une visite mardi dans une base militaire proche de Jénine. « Nous ne permettrons pas à Jénine de redevenir un refuge pour le terrorisme », a-t-il ajouté. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a, lui, dénoncé « une guerre ouverte contre la population à Jénine ».
Des blessés qui ne peuvent pas être pris en charge
Les combats ont provoqué l’exode lundi soir d’« environ 3 000 » habitants du camp de Jénine, où vivent quelque 18 000 Palestiniens, selon le gouverneur adjoint de Jénine, Kamal Abou al-Roub. « Nous avons reçu beaucoup de blessés », notamment « par balles », a affirmé Qassem Benighader, un infirmier de 35 ans à l’hôpital de Jénine : « C’est le pire raid depuis cinq ans. »
Selon un médecin à l’hôpital Ibn Sina de Jénine, des blessés sont morts faute d’avoir été pris en charge à temps. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la destruction des infrastructures, dont des routes, limite l’accès des équipes médicales et des ambulances.
La ville de Jénine et le camp de réfugiés, bastion de groupes armés palestiniens, sont régulièrement visés à plusieurs reprises par des opérations israéliennes. Le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, a connu une récente vague d’attaques contre des Israéliens ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs.
L’opération israélienne récente est la plus importante depuis 2002, au cours de la deuxième Intifada palestinienne, les forces israéliennes ont lancé une incursion à grande échelle à Jénine, rappelle la BBC. Au moins 52 militants et civils palestiniens et 23 soldats israéliens avaient été tués au cours de 10 jours de combats intenses.
Appel au calme de l’ONU
En réaction à ce regain de tensions, l’ONU a demandé que les violences « cessent », tout en appelant les forces israéliennes à respecter les normes internationales. « La récente opération en Cisjordanie occupée et l’attentat à la voiture bélier à Tel-Aviv soulignent de manière inquiétante un schéma d’événements trop familier : la violence ne fait qu’engendrer plus de violence. Les meurtres, les atteintes à l’intégrité physique et la destruction de biens doivent cesser » , a indiqué son Haut Comissaire dans une déclaration écrite.
Israël a « le droit de se défendre » mais doit respecter la « proportionnalité du droit international », a estimé mardi le ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a appelé l’armée israélienne « à faire preuve de retenue dans son opération et toutes les parties à éviter une escalade ».
Les violences liées au conflit israélo-palestinien ont tué depuis le début de l’année au moins 189 Palestiniens, 25 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles.
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