Le 27 octobre prochain marquera le premier anniversaire de la prise de contrôle de Twitter par le milliardaire Elon Musk. La plate-forme de microblogging, rebaptisée « X » pendant l’été, occupe depuis des années une place toute particulière dans l’économie de l’information. Elle s’est imposée comme une agora planétaire, au point que des chefs d’Etat s’y expriment en temps réel. A ce titre, elle a une responsabilité considérable dans la manière dont s’organise aujourd’hui l’échange d’idées, d’opinions et d’informations à l’échelle mondiale.
Au cours de l’année qui vient de s’écouler, nous avons assisté à une série d’évolutions qui suscitent les plus vives inquiétudes quant à la direction prise par cette plate-forme. Il apparaît tout d’abord que la réduction significative des équipes de modération ne permet pas de réagir aussi diligemment qu’il le faudrait s’agissant de la suppression ou de la restriction des contenus qui contreviennent à la législation en vigueur dans l’Union européenne : désinformation, apologie du terrorisme, pédopornographie, incitation à la violence ou à la haine.
Fin septembre, plusieurs organisations américaines de lutte contre le racisme et l’antisémitisme se sont ainsi alarmées publiquement de ce que X était devenu « un terrain fertile pour certains des discours les plus dangereux », notamment ceux à caractère complotiste. Récemment, avec la reprise des hostilités ouvertes en Israël et dans la bande de Gaza, les défauts de la modération y sont apparus de manière spectaculaire. Des images d’une violence inouïe, pouvant à tout moment être vues par des mineurs, ont inondé le réseau social. Elles se sont accompagnées d’un flot de désinformation exceptionnel. Cette situation est aggravée par le retour sur la plate-forme de centaines de milliers de comptes toxiques de désinformation qui en avaient été bannis dans le sillage de l’assaut contre le Capitole de Washington le 6 janvier 2021.
Dégradation
Des chercheurs ont par ailleurs pu constater que l’algorithme conférait une prime de visibilité aux contenus toxiques. Ce phénomène s’est encore accru depuis qu’Elon Musk a racheté le réseau social. La mise en place d’un système de certification payant (« Twitter Blue ») a instauré une sorte de système censitaire peu compatible avec le souci sincère de garantir un accès équitable à la liberté d’expression. Ce dispositif entérine de fait un système à deux vitesses entre ceux qui font de leur présence sur ce réseau l’élément d’une stratégie d’influence et ceux qui, refusant de contribuer à la rémunération d’une plate-forme ne tenant pas ses engagements en matière de modération des contenus illégaux, ne bénéficient pas d’une certification ou se la sont vu retirer. Il contribue, de plus, à accroître artificiellement la visibilité de comptes toxiques qui monétisent leur activité au moyen de contenus sensationnalistes et polarisants.
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