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En Iran, des exécutions publiques pour terroriser les manifestants et mater la révolte

Deux hommes ont été pendus, onze personnes sont dans le couloir de la mort ; les manifestations ont cessé.

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Publié le 16 décembre 2022 à 10h43, modifié le 16 décembre 2022 à 20h29

Temps de Lecture 5 min.

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Majidreza Rahnavard, âgé de 23 ans, a été pendu en public, le 12 décembre 2022, à Machhad, dans le nord-est du pays, sa ville natale.

Ces jours-ci, nombre d’Iraniens se réveillent, effrayés, pour vérifier si de nouvelles exécutions ont eu lieu. En Iran, elles sont organisées lors de la prière du matin, un peu avant le lever du soleil. Aux premières heures du jour, Mohsen Shekari et Majidreza Rahnavard, âgés de 23 ans, ont été pendus, respectivement le 8 et le 12 décembre. Ils faisaient partie des milliers de manifestants qui sont descendus dans les rues du pays après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre, à l’issue de sa garde à vue pour son voile jugé « mal porté ».

Le premier a été exécuté dans la prison de Gohardacht, à 30 kilomètres de Téhéran, à l’abri des regards. Majidreza Rahnavard, lui, a été tué sur une place publique dans sa ville natale, Machhad, dans l’est du pays. Aucune communication officielle n’a annoncé son exécution, et il semble que la population locale n’ait pas été informée. Pourtant, selon les photos publiées par les agences officielles iraniennes, plusieurs dizaines de personnes étaient présentes lors de la pendaison.

Majidreza Rahnavard, âgé de 23 ans, pendant son procès, le 29 novembre 2022. Il a été pendu sur une place publique à Machhad, dans l’est du pays, sa ville natale, le 12 décembre 2022.

On y voit des femmes portant le tchador, le vêtement qui couvre tout le corps, tenue des femmes les plus religieuses et les plus fidèles au régime. Tous les visages sont floutés. Compte tenu de l’heure très matinale de la pendaison, il semble que les autorités locales aient invité, par le biais de leurs réseaux, les partisans de la République islamique d’Iran à se déplacer pour assister à la pendaison. Sur l’un des clichés, le corps inanimé de Majidreza Rahnavard est accroché à un poteau, ses yeux sont bandés.

Mauvais traitements

Aucun des deux hommes, condamnés pour « inimitié à l’égard de Dieu », n’a eu accès à l’avocat de son choix. Mohsen Shekari a été tué dix-huit jours après sa condamnation en première instance, alors que, selon le code pénal iranien, les condamnés disposent de vingt jours pour faire appel. Majidreza Rahnavard, lui, a été exécuté sept jours avant la fin de ce délai.

Mohsen Shekari, âgé de 23 ans, pendu le 8 décembre 2022, a été filmé en faisant des aveux contre lui-même. Sur l’une des scènes de cette vidéo, diffusée à la télévision nationale quelques heures après sa pendaison, sa joue droite porte les traces d’une blessure qui peut être due à des mauvais traitements pendant sa détention.

Quelques heures après les pendaisons, la télévision nationale a diffusé les aveux des deux hommes pour justifier la sévérité du pouvoir judiciaire. Mohsen Shekari est apparu, face caméra : sa joue droite portait les traces d’une blessure, preuve pour certains Iraniens que l’homme a été torturé et que les autorités ne cherchent plus à dissimuler les mauvais traitements qu’elles réservent aux prisonniers. Majidreza Rahnavard a, lui, été filmé les yeux bandés et son bras gauche plâtré, alors qu’il confessait avoir tué deux membres des bassidji, les milices paramilitaires attachées aux gardiens de la révolution, l’armée idéologique du pays. Selon les organisations des droits humains et des anciens prisonniers politiques, la République islamique d’Iran a régulièrement recours à la torture pour obtenir des aveux de la part des détenus.

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