SANTE MENTALEDes séances de psy remboursées… Comment fonctionne « MonPsy » ?

« MonPsy » : Des séances chez un psychologue prises en charge par la Sécu… Comment fonctionne ce dispositif ?

SANTE MENTALELe dispositif « MonPsy », qui ouvre l’accès à des séances avec un psychologue prises en charge par l’Assurance maladie, est lancé ce mardi
Lancé ce mardi, le dispositif « MonPsy » permet aux personnes en situation de mal-être de bénéficier de huit séances avec un psychologue prise en charge par l'Assurance maladie.
Lancé ce mardi, le dispositif « MonPsy » permet aux personnes en situation de mal-être de bénéficier de huit séances avec un psychologue prise en charge par l'Assurance maladie. - DURAND FLORENCE/SIPA / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Ce mardi est lancé le dispositif « MonPsy », qui permet de bénéficier de huit séances avec un psychologue prises en charge par la Sécurité sociale.
  • L’objectif est de permettre au grand public de bénéficier d’un accompagnement adapté en matière de santé mentale, dans un contexte où crise sanitaire et conflit en Ukraine ont accentué les troubles anxieux ou dépressifs de nombre de Français.
  • Qui peut en bénéficier ? Quel est le tarif de ces séances et quelles sont les modalités de remboursement ? « 20 Minutes » fait le point sur ce nouveau dispositif.

Un psy gratuit pour toutes les personnes en situation de mal-être. Dès mardi, ce sera une réalité. C’était la grande annonce du chef de l’Etat lors des Assises de la santé mentale en septembre dernier : offrir aux Français qui en ont besoin un accompagnement psychologique pris en charge. Dès ce mardi, avec le lancement au grand public de la plateforme « MonPsy », il sera possible de bénéficier de huit séances avec un psychologue, remboursées par l’ Assurance maladie.

« La pandémie a révélé l’importance du sujet de la santé mentale », déclarait Emmanuel Macron à l’annonce de ce dispositif. Mais en pratique, tout le monde peut-il en bénéficier ? Est-ce totalement pris en charge ? 20 Minutes fait le point sur ce que propose cette nouvelle plateforme.

Quelle prise en charge propose « MonPsy » ?

Cette plateforme est née d’un constat : « Les besoins non satisfaits de la population, puisque les soins portés par les psychologues libéraux ne sont pas pris en charge par l’Assurance maladie, alors que l’on sait qu’ils ont fait la preuve de leur efficacité, rappelle Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie. Il était donc important de mettre au point cette mesure qui vise à couvrir ces besoins importants de la population générale ». Des besoins mis en lumière et accentués par « la crise sanitaire du Covid-19, ajoute-t-il. Ce dispositif entérine un mode de coopération entre le médecin généraliste et le psychologue, ce qui est très important dans le parcours en santé mentale ». En pratique, le médecin remet au patient une lettre d’adressage lui permettant de solliciter un psychologue participant à ce dispositif.

« "MonPsy" est un dispositif de repérage, de dépistage et de prise en charge des difficultés psychologiques d’intensité légère à modérée, expose Frank Bellivier. Ce qui est pris en charge, c’est d’une part le bilan de ces troubles, puis sept séances de prise en charge, avec à chaque moment de la prise en charge la possibilité d’une orientation vers des soins spécialisés, dès lors que des indicateurs de gravité seraient repérés, soit par le médecin généraliste, soit par le psychologue. »

Qui peut bénéficier de cet accompagnement ?

Destiné au grand public, « MonPsy » s’adresse à tous les Français et Françaises métropolitains et ultramarins « souffrant de troubles dépressifs et anxieux, de troubles du comportement alimentaire, ainsi qu’aux personnes souffrant d’ addictions (tabac, alcool et cannabis) sans critère de dépendance », détaille l’Assurance maladie. Un accompagnement « ouvert à toutes les personnes de plus de 3 ans », précise-t-on au cabinet du ministre de la Santé Olivier Véran.

Et s’il permet d’accompagner tout patient souffrant de troubles psychiques « d’intensité légère à modérée », précise l’Assurance maladie, en cas « de risques suicidaires » ou si des troubles « plus sévères » apparaissent, le patient doit être « orienté vers des soins plus spécialisés », complète le ministère de la Santé.

Ce dispositif constitue un « progrès considérable pour l’accès aux soins psychologiques et psychiques », et va « concerner des dizaines, des centaines de milliers de Français », s’est félicité le ministre de la Santé mi-mars sur franceinfo.

Quelles sont les modalités de cette prise en charge ?

Le dispositif « se décompose en huit séances réparties sur une année civile. Un premier entretien d’évaluation est fixé en présentiel, puis les autres séances peuvent être organisées en présentiel ou à distance », détaille la Caisse nationale d’assurance maladie. Pour ce qui est des tarifs, « la première séance est fixée à 40 euros, et les suivantes le sont à 30 euros, sans possibilité de dépassements d’honoraires ». Le ministère de la Santé indique que le calcul des coûts a tenu compte de la durée moyenne d’une séance, estimée à « environ 40 minutes ». Toutefois, « la durée de la séance est laissée à l’appréciation du psychologue, et aucune durée minimale de séance n’est prévue », répond le ministère à 20 Minutes.

A la fin de chaque séance, le psychologue remet au patient une feuille de soins, qui l’envoie ensuite à l’Assurance maladie, qui à son tour lui remboursera 60 % du montant de la séance. Les 40 % restants seront ensuite remboursés par les complémentaires santé, si le patient a une mutuelle. Sinon, le reste à charge sortira de sa poche.

Combien de psychologues participent à ce dispositif et combien va-t-il coûter à l’Etat ?

A ce jour, « plus de 1.300 praticiens ont déposé leur candidature pour s’inscrire sur la plateforme monpsy.sante.gouv.fr », indique le cabinet du ministre de la Santé. Des candidatures qui sont instruites avant d’être validées. « Des critères de sélection sont prévus par le dispositif : les psychologues doivent avoir au moins trois ans d’expérience et un diplôme ou une formation complémentaire en psychologie clinique et en psychopathologie », indique Frank Bellivier. Et pour l’heure, « plus de 600 psychologues, répartis sur l’ensemble du territoire, ont été conventionnés et inscrits dans l’annuaire de la plateforme "MonPsy", et ce chiffre va évoluer », précise le cabinet du ministre de la Santé, pour qui « l’enjeu est d’avoir un maillage territorial le plus fin possible ».

Mais au sein de la profession, la réforme ne fait pas l’unanimité. Plusieurs rassemblements ont récemment été organisés et une tribune comptant plus de 2.000 signataires publiée le 29 mars dans Le Monde appelle au boycott du dispositif, qualifié de « poudre aux yeux ». « L’objectif est de faciliter la prise en charge de ces séances en ville », et « le dispositif ne repose que sur des psychologues volontaires », rappelle-t-on au cabinet d’Olivier Véran.

Côté budget, le ministère a prévu une enveloppe de 50 millions d’euros pour financer le dispositif pendant l’année 2022, ce qui correspond à la prise en charge de 200.000 patients.

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