La population mondiale dépassera bientôt les 8 milliards de personnes

Publié le 11 Nov 2022 à 18H00 Modifié le 30 décembre 2022
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Selon les prévisions de l’ONU, le 15 novembre 2022, la population mondiale passera le cap des 8 milliards de personnes. C’est un milliard de plus qu’en 2010… et 5,5 milliards de plus qu’en 1950 ! Les experts estiment que plus de 10 milliards d’habitants peupleront la Terre dès 2058. Mais dans quelles conditions ?

Une population mondiale en constante évolution ? En réalité, depuis le pic observé dans les années 1960, le rythme de croissance de la population mondiale a radicalement baissé. Elle aura mis 12 ans pour passer de 7 à 8 milliards. Ensuite, il lui faudra environ 15 ans, jusqu’en 2037, pour atteindre les 9 milliards. Ceci montre bien que la croissance ralentit. Néanmoins, étant donné le nombre de personnes en âge d’avoir des enfants et l’allongement de l’espérance de vie, la population continue à croître. Il faut savoir que jusqu’en 1800 environ, la population humaine est restée inférieure au milliard. Il y a eu beaucoup de progrès en matière d’hygiène, de médecine et de santé publique. On les associe à une meilleure alimentation et à l’augmentation du niveau de vie. Ceci a réduit, au fil du temps, le risque de décès dans le monde entier, en particulier chez les enfants.

Une croissance de la population mondiale portée par les pays à faible revenu

L’amélioration de l’assainissement, ainsi qu’un accès facilité à l’eau potable a changé la donne dans de nombreuses régions du monde. De même, le développement de vaccins, de médicaments antibactériens et d’autres traitements efficaces ont permis d’allonger l’espérance de vie dans la plupart des pays. En 2019, l’espérance de vie moyenne était de 72,8 ans. En 2050, elle devrait atteindre 77,2 ans selon l’ONU.

Par ailleurs, le taux de fécondité, soit le nombre moyen de naissances par femme, demeure actuellement élevé dans plusieurs pays. La croissance de la population est certes tombée de 2,1% entre 1962 et 1965. Elle finit d’ailleurs à moins d’1% en 2020, et pourrait même atteindre les 0,5% en 2050. Pour autant, le nombre de Terriens va continuer à augmenter. On sera environ 8,5 milliards en 2030, 9,7 milliards en 2050, puis un ultime « pic » à 10,4 milliards dans les années 2080. La population devrait ensuite stagner jusqu’à la fin du siècle selon les projections de l’ONU.

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Évolution de la population mondiale de 1700 à 2022 et prévisions jusqu’en 2100. Crédits : ONU

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À noter qu’une étude de l’Institute for Health Metrics and Evaluation publiée en 2020 a prédit une tendance quelque peu différente. Un pic plus précoce est prévu pour 2064. Il atteindrait alors les 9,7 milliards de personnes, suivi d’un déclin jusqu’à 8,8 milliards en 2100. La différence entre les deux estimations vient essentiellement du taux de fécondité considéré. L’IHME prévoit 1,66 enfant par femme en 2100.

Les pays à taux de fécondité élevé sont généralement ceux dont le revenu par habitant est relativement faible. Par conséquent, au fil du temps, la croissance de la population mondiale s’est concentrée parmi les pays les plus pauvres du monde, dont la plupart se trouvent en Afrique subsaharienne. La population mondiale passe aujourd’hui de 7 à 8 milliards. Or, environ 70 % de la population supplémentaire se trouve dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. Lorsque nous serons 9 milliards en 2037, ces pays devraient représenter plus de 90 % de la croissance mondiale, précise l’ONU.

Des pays développés à la population vieillissante

D’ici 2050, plus de la moitié de la croissance de la population proviendra de seulement huit pays. Il s’agira de la République démocratique du Congo, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Inde, du Nigeria, du Pakistan, des Philippines et de la Tanzanie. L’ONU annonce d’ailleurs que la population de l’Inde dépassera celle de la Chine dès l’année prochaine. En 2050, ce seront toujours les deux pays les plus peuplés. Les États-Unis les suivent et occuperont le 3e rang du classement ex aequo avec le Nigeria.

Dans les pays pauvres, la croissance démographique rapide et soutenue est malheureusement un obstacle à la réalisation des objectifs de développement durable. « L’augmentation rapide du nombre d’enfants et de jeunes dans les pays à faible revenu peut entraver les progrès vers une éducation inclusive et équitable et une vie saine et le bien-être de tous », souligne le rapport de l’ONU.

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Dans les pays les plus riches où la fécondité est en baisse, un autre problème émerge. C’est le vieillissement de la population. La part des plus de 65 ans devrait passer de 10 % en 2022 à 16 % en 2050. Cette tendance aura bien entendu des conséquences sur les systèmes de retraite et de prise en charge des seniors, ainsi que sur le marché du travail. Selon Rachel Snow, du Fonds des Nations Unies pour la population, la majorité des habitants du monde vivent désormais dans un pays où la fécondité est en dessous du taux de remplacement de la population, qui est de 2,1.

Un impact environnemental qui tient non pas du nombre, mais du comportement

On peut se réjouir des progrès sanitaires et de la baisse de la mortalité infantile et maternelle. Pour autant, la croissance rapide de la population qui en découle depuis les années 1950 a malheureusement un revers. Elle implique de trouver le moyen de répondre aux besoins de plus en plus d’individus. Or, l’humanité consomme trop et trop rapidement les ressources de la planète. Chaque année, de plus en plus tôt, la population vit « à crédit » par rapport aux ressources que la Terre est capable de reconstituer en une année.

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Émissions de CO2 dans le monde, de 1950 à 2020, par niveau de revenu des pays. Crédits : ONU

Cette année, ce « jour du dépassement » a eu lieu le 28 juillet. Actuellement, il faudrait 1,75 Terre, en termes de surface, pour régénérer ce que la population mondiale consomme. En cause : nos régimes alimentaires, trop riches en protéines animales. Ils reposent en grande partie sur une agriculture intensive. On utilise aujourd’hui plus de la moitié (55 %) de la biocapacité de la planète uniquement pour nourrir l’humanité.

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Mais contrairement à ce que sous-entendent les pays riches, les pays en développement ne sont pas à blâmer. En effet, la surpopulation n’est pas la véritable cause du problème. « Notre impact sur la planète est déterminé bien plus par nos comportements que par notre nombre », souligne Jennifer Sciubba. Cette dernière est experte en démographie politique au Wilson Center. Il est bien connu que les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont les plus élevées dans les pays les plus riches et non pas dans ceux où la population croît rapidement.

Le système alimentaire mondial repose sur la destruction de la nature. En outre, il est responsable de 20 à 30 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Parmi elles, on retrouve les émissions provenant de l’agriculture. Mais on retrouve aussi celles dues aux stockage, transport, emballage, transformation et distribution des aliments. Finalement, des millions de personnes souffrent de la famine, tandis que près de 2 milliards sont en surpoids ou obèses. Il est aujourd’hui crucial d’évoluer vers des pratiques durables. Des pratiques qui préservent la biodiversité et limitent le changement climatique, tout en garantissant l’accès à une alimentation sûre, pour tous.

À propos de l’auteur
Fleur Brosseau
Fleur Brosseau
Scientifique de formation et animée par l'envie d'apprendre sans cesse de nouvelles choses, j'explore des sujets très variés, de l'actu médicale à l'astrophysique, en passant par l'intelligence artificielle et l'archéologie. Mes thèmes favoris : la santé, la psychologie, l'astronomie et l'environnement.
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