Derrière les barreaux

Depuis sa prison russe, Alexeï Navalny annonce être malade et dénonce le manque de soins

En prison depuis deux ans, l’opposant russe dénonce régulièrement ses conditions de détention à travers la voix de ses avocats. Ses soutiens estiment que le pouvoir russe veut le «tuer» à petit feu.
par LIBERATION et AFP
publié le 13 janvier 2023 à 15h44

Alexeï Navalny, l’opposant russe le plus médiatique, emprisonné depuis deux ans dans une colonie pénitentiaire réputée pour les mauvais traitements infligés aux détenus, a affirmé, mercredi, souffrir de symptômes grippaux et être privé d’un accès satisfaisant aux soins. Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir ses soutiens, qui dénoncent une tentative du Kremlin de le «tuer» à petit feu.

Depuis sa cellule, Alexeï Navalny devait assister dans la journée du mercredi 11 janvier, par visioconférence, à trois audiences concernant des plaintes contre des restrictions prises contre lui par l’administration pénitentiaire. Cependant, avant même que les audiences ne commencent, il a pris la parole devant la juge et a demandé un report de ces trois audiences pour des raisons de santé, ce qu’il a obtenu, a confirmé sa porte-parole, Kira Iarmych.

L’ennemi intérieur numéro 1 de Vladimir Poutine a affirmé devoir mener «une lutte acharnée» pour obtenir des «médicaments de base» et s’être vu refuser d’être hospitalisé dans l’unité médicale de sa prison, située à 200 km de Moscou. Il explique via son équipe avoir «mis quatre jours pour obtenir un peu plus d’eau chaude», en affirmant avoir «de la fièvre et de la tension». Il a encore indiqué que l’administration pénitentiaire obligeait son co-détenu à faire des allers-retours entre l’unité médicale de la prison, touchée par une épidémie de grippe, et leur cellule.

«Etes-vous humains ?»

Pour les membres de l’équipe de l’opposant, le président russe «[Vladimir] Poutine [d’essayer] encore et toujours de tuer Navalny, mais de façon plus discrète et plus lente». L’épouse du détenu, loulia Navalnaïa, a quant à elle accusé sur son compte Instagram, suivi par presque un million de personnes, les autorités pénitentiaires de refuser de soigner son mari et de dégrader «expressément» ses conditions de détention. «Êtes-vous humains ?», leur a-t-elle lancé. L’année dernière, alors qu’il avait entamé une grève de la faim, son médecin personnel avait eu peur que le détenu ne fasse un arrêt cardiaque.

Les cris d’alerte d’Alexeï Navalny ne passent pas inaperçu à l’étranger. Sur Twitter, c’est le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, qui a alerté jeudi sur l’état de santé de l’opposant russe : «Le Kremlin a mis le chef de l’opposition Alexeï à l’isolement pour la dixième fois depuis août 2022. Nous partageons les préoccupations de plus de 170 médecins russes qui demandent la fin des mauvais traitements infligés à Navalny et l’administration de tous les soins médicaux appropriés». Ce vendredi c’est au tour de la porte-parole du gouvernement allemand, Christiane Hoffmann, de s’être exprimé lors d’un point presse : «Nous avons accueilli avec une grande inquiétude les informations concernant l’état de santé critique d’Alexeï Navalny» et appel Moscou à une prise en charge médicale «immédiate» de l’opposant.

Au-delà des déclarations publiques, d’autres initiatives ont été prises pour dénoncer la situation. Près de 500 médecins russes ont signé une pétition, publiée sur Facebook, appelant Vladimir Poutine à fournir des soins appropriés Alexei Navalny et à faire cesser les «sévices» contre lui. Lundi, le militant avait annoncé avoir été envoyé le 31 décembre pour la dixième fois en cellule disciplinaire, pour une durée de 15 jours, où ses droits sont encore plus limités, au motif qu’il avait fait sa toilette avant l’heure réglementaire.

Ce n’est pas la première fois que les autorités russes sont pointées du doigt quant au traitement réservé à celui qui est la bête noire de Vladimir Poutine. Alexeï Navalny a été arrêté en Russie en janvier 2021, à son retour au pays après avoir subi un grave empoisonnement qu’il attribue au Kremlin. En mars, il a été condamné à neuf ans de prison en régime «sévère» pour des accusations d’«escroquerie» qu’il juge fictives.

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