À Washington, le Capitole s’est agité ce mercredi après ce que CBS News a qualifié de “déclaration énigmatique” de la part du républicain Mike Turner, président de la commission du renseignement à la Chambre des représentants. Politico a préféré utiliser le terme de “vague avertissement”. Le message indique que la commission a transmis aux membres du Congrès “toutes les informations concernant une menace sérieuse à la sécurité nationale” et qu’elle appelle Joe Biden à déclassifier le dossier.

Des sources ont confié à ABC News que cette menace était liée à une puissance militaire étrangère, en l’occurrence la Russie, qui envisagerait d’envoyer une arme nucléaire dans l’espace. “Pas pour bombarder la Terre mais pour potentiellement l’utiliser sur des satellites”, précise la chaîne. Le Telegraph ajoute que des systèmes de communication ou de guidage à usage militaire pourraient par exemple être touchés.

“Si la Russie a effectivement déployé des armes nucléaires en orbite, il s’agit d’une violation directe et délibérée par Moscou du traité sur l’espace de 1967”, explique au journal britannique Malcolm Davis, de l’Institut australien de politique stratégique. “Ce serait un grave revers pour le contrôle international de l’armement”, poursuit le chercheur.

Pression pour accélérer les discussions sur l’Ukraine ?

Mais les élus du Congrès ont vite cherché à calmer les éventuelles inquiétudes. “Il n’y a pas besoin d’alarmer le public”, a tempéré Mike Johnson, le leader des républicains à la Chambre, cité par The Hill. “Je ne veux pas que les gens croient que les Martiens arrivent et que votre mercredi est fichu”, a de son côté rassuré Jim Himes, démocrate de la commission, tout en reconnaissant que “le Congrès et le gouvernement doivent s’en occuper à moyen et long terme”.

Alors que les médias lui demandaient si les Américains avaient des raisons de s’inquiéter, le conseiller à la sécurité nationale, Jack Sullivan, a déclaré lors d’un point-presse qu’il était “impossible de répondre par un simple oui”.

D’après les renseignements américains, les Russes travaillent toujours sur le dispositif et il n’a pas été déployé. Ce qu’est réellement ce dispositif n’est pas clair, signale Politico, émettant la possibilité d’un missile hypersonique Zircon 3M22 capable d’atteindre la vitesse de Mach 8 (9 500 km/h). Le site rappelle également que Moscou avait testé un missile antisatellite en 2021.

La déclaration a en tout cas “mis en rage” la Maison-Blanche, croit savoir le New York Times. Les officiels craignent le risque qu’elle représente pour les sources du renseignement américain en Russie. Le quotidien souligne toutefois que M. Turner a été “un allié” des démocrates dans le dossier ukrainien.

Une nouvelle aide de 60 milliards de dollars a été approuvée par le Sénat mais fait encore débat chez les républicains de la Chambre. Alors le Times suggère que l’élu de l’Ohio a peut-être cherché “à mettre la pression sur la Chambre” pour débloquer les discussions.