Face à la dépouille exposée sous le baldaquin en bronze du sculpteur italien Le Bernin, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, un homme est à genoux, en recueillement. Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, n’est pas catholique, mais il a tenu, mardi 3 janvier, à venir rendre hommage personnellement à Benoît XVI, pape émérite, décédé samedi 31 décembre 2022, et dont les obsèques sont programmées jeudi 5 janvier. Les deux hommes se connaissaient et, semble-t-il, s’appréciaient.
Les funérailles de Joseph Ratzinger, qui fut pape de 2005 à 2013, avant sa spectaculaire démission, ne sont pas un événement d’Etat. Seuls les dirigeants italiens et allemands sont officiellement invités. Mais, à l’instar de M. Orban, plusieurs dignitaires politiques et religieux ont décidé de venir s’incliner, à titre privé, devant la dépouille du prédécesseur de François. Un ballet qui prend l’allure d’une démonstration de ralliement à la conception conservatrice de la société et de l’Eglise qui était celle de l’ex-cardinal Joseph Ratzinger, le nom de Benoît XVI, avant qu’il n’accède au trône de saint Pierre.
Le premier ministre hongrois ne devait pas être présent jeudi. Ce rôle de représentation devait être assuré par la présidente du pays, Katalin Novak. Le président polonais, Andrzej Duda, une autre figure conservatrice, est lui aussi attendu aux funérailles, ainsi que l’archevêque émérite de Hongkong, Joseph Zen, dont le passeport est retenu par les autorités chinoises, mais qui a obtenu une autorisation spéciale de sortie du territoire. Critique envers la politique du pape François à l’égard de la Chine, le prélat est aussi connu pour avoir regretté certaines réformes liturgiques du pontife en activité. Sa venue au Vatican illustre le fait que Joseph Ratzinger était devenu la figure tutélaire de tout un monde conservateur, défiant à l’égard de François, perçu comme trop porté sur les questions sociales, notamment les migrants, et pas assez sur la théologie.
La France, de son côté, devait être représentée par Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur chargé des cultes, et les Etats-Unis, pourtant dirigés par le catholique Joe Biden, par leur simple ambassadeur au Vatican.
Gardien du temple catholique
Théologien reconnu, grande figure de l’Eglise du XXe siècle, Joseph Ratzinger a attiré, selon le sociologue Yann Raison du Cleuziou, de l’université de Bordeaux, l’attention des milieux conservateurs bien avant son accession à la dignité de pape. En tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a fait figure de gardien du temple catholique, de « vigie intellectuelle pour défendre l’orthodoxie de la foi », selon M. Raison du Cleuziou.
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