+143%: Javier Milei prend le pouvoir dans une Argentine en proie à une inflation incontrôlable

Élu dimanche nouveau président argentin, Javier Milei va prendre la tête d'un pays où l'inflation est l'une des plus élevées au monde. En octobre 2023, les prix y ont bondi de 142,7% sur un an, contre +94,8% un an plus tôt. Un triste record mondial dont l'Argentine ne parvient pas à se défaire. Et pour Bruno Moura Fernandes, responsable de la recherche macroéconomique chez Coface, cette inflation galopante ne risque pas de baisser.

"Au fil des années, on a créé les déséquilibres afin de maintenir le peso à un niveau à peu près stable. On a entraîné un énorme écart entre la valeur réelle du peso et celle qui est faciale", explique sur BFM Business cet analyste.

"Dollariser" l'économie argentine

Pour "assécher" l'inflation, Javier Milei compte "dollariser" l'économie afin de laisser mourir sa monnaie locale. Il a également promis pendant sa campagne de fermer la banque centrale. Le problème repose toutefois sur le manque de réserves de change et de dollars. À cette difficulté, l'équipe Milei compte utiliser les dollars que les Argentins ont mis de côté. L'Argentine est le troisième pays au monde en quantité de dollars physiques détenus.

Mais face à un taux de change officiel considéré comme irréel (369 pesos pour un dollar), les "choses pourraient déraper et devenir hors de contrôle", d'ici à l'investiture le 10 décembre, estime l'analyste Ana Iparraguirre, du cabinet GBAO Stratégies, pour qui une période d'instabilité s'ouvre pour le pays.

"L'Argentine est en déficit public constant qu'elle finance grâce à l'émission monétaire, c'est-à-dire en demandant à la banque centrale d'émettre des pesos pour financer ce déficit", indique Bruno Moura Fernandes.

40% des habitants sous le seuil de pauvreté

Cette méthode a eu pour conséquence d'émettre une "importante masse monétaire en circulation" qui aggrave l'inflation. Dans ce pays, 40% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Le président "libertarien anarcho-capitaliste" devra aussi trouver de quoi rembourser une dette de 44 milliards de dollars contractés auprès du fonds monétaire international (FMI). Ce prêt a été accordé en 2018 en raison de devises étrangères au plus bas.

Benaouda Abdeddaïm : Le "libertarien anarcho-capitaliste" Javier Milei élu en Argentine, une autre expérience radicale latino-américaine - 20/11

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Lors de son premier discours en tant que président élu, Javier Milei a adopté un ton plus mesuré que lors de sa campagne. Il a également remercié ses principaux soutiens conservateurs, Mauricio Macri et Patricia Bullrich, avec lesquels il a conclu une alliance dans l'entre-deux-tours.

"Le fait que Javier Milei ait déclaré être prêt à élargir son soutien politique et qu'il ait également remercié Macri et Bullrich est positif", observe Martin Castellano, responsable de la recherche sur l'Amérique latine pour l'Institute of International Finance (IIF). "Cela aidera à stabiliser le sentiment du marché dans les prochains jours."