“Il n’y a eu aucune surprise. Le projet de résolution présentée par l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies, réclamant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, s’est heurté au veto des États-Unis”, rapporte El Mundo. Outre le veto américain, le texte a recueilli treize voix pour et une abstention (le Royaume-Uni).

“C’était la troisième fois que Washington utilisait son veto pour bloquer une résolution exigeant l’arrêt des combats à Gaza, soulignant l’isolement des États-Unis dans leur soutien continu et résolu à Israël”, souligne The New York Times.

“Les États-Unis avaient averti depuis plusieurs jours qu’ils s’opposeraient au texte”, note le New York Magazine. Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, avait déclaré samedi que Washington “travaillait à un accord sur les otages entre Israël et le Hamas, prévoyant la suspension des combats pendant au moins six semaines” et que l’adoption de la résolution algérienne mettrait en péril les négociations.

Mais ces discussions “ont échoué, ni Israël ni le Hamas ne parvenant à un consensus sur les termes d’un accord”, affirme le New York Times.

L’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, n’est guère plus convaincu par les arguments américains, selon lesquels la résolution aurait pu faire capoter les discussions : “Ce n’est pas vrai, car deux des pays impliqués dans ces négociations difficiles, le Qatar et l’Égypte, ont indiqué que ce n’était pas le cas”, a-t-il déclaré à Al-Jazeera.

Un cessez-le-feu immédiat permettrait au contraire aux négociateurs “d’avancer rapidement et d’atteindre l’objectif d’échange de prisonniers et d’otages”, a-t-il soutenu.

“Malaise croissant du gouvernement américain”

“Présenté par l’Algérie après plus de trois semaines de discussions, le texte s’opposait aussi au ‘déplacement forcé de la population civile palestinienne’, précise Le Temps, alors que le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a promis de lancer une offensive terrestre sur Rafah, où s’entassent plus d’un million de Palestiniens dans des conditions humanitaires effroyables.

“Un vote pour ce projet de résolution est un soutien au droit des Palestiniens à vivre. À l’inverse, voter contre signifie un soutien à la violence brutale et à la punition collective qui leur est infligée”, avait commenté, juste avant le vote, l’ambassadeur algérien Amar Bendjama.

S’ils ont rejeté la proposition algérienne, les États-Unis ont fait savoir qu’ils travaillaient à leur propre projet de résolution, dont les grandes lignes ont commencé à fuiter dans la presse.

“Le texte proposé par les États-Unis appelle à un cessez-le-feu temporaire ‘dès que possible’, à la condition que tous les otages soient libérés, ainsi qu’à la levée des obstacles empêchant l’aide [humanitaire] d’arriver à Gaza”, détaille la BBC. Il réaffirme en outre qu’“une offensive terrestre d’ampleur [sur Rafah] ne devrait pas avoir lieu dans les conditions actuelles”.

“Mais on ignore si ou quand le Conseil de sécurité votera sur le texte proposé par Washington”, nuance la radiotélévision britannique.

Et quand bien même il le serait, il est “fort possible que l’un des autres membres permanents du Conseil”, comme la Chine ou la Russie, y mette son veto, avance la Süddeutsche Zeitung. “Néanmoins, la formulation de la proposition américaine semble refléter le malaise croissant du gouvernement américain vis-à-vis des actions d’Israël dans la bande de Gaza”, observe le quotidien bavarois.

Le prince William sort de sa réserve

Un avis partagé par le Financial Times, qui estime que “le recours à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour appeler à un changement de stratégie d’Israël représente une étape diplomatique importante pour les États-Unis”.

Pour le quotidien économique, le projet américain de résolution “représente une rare critique d’Israël à l’ONU de la part des États-Unis, reflétant la frustration du président Joe Biden face à la conduite de la guerre du gouvernement israélien à Gaza et au nombre élevé de morts parmi les civils palestiniens – et alors que l’attaque prévue sur Rafah devient un point de rupture potentiel pour Washington”.

Mais pour le magazine américain de gauche Mother Jones, la résolution préparée par le gouvernement de Joe Biden “est loin d’être une remise en question du soutien indéfectible des États-Unis à Israël, dans une guerre qui a vu l’allié des États-Unis causer la mort de plus de 29 000 Palestiniens” et transformer Gaza en “paysage de guerre lunaire”.

S’il fallait chercher mardi une surprise dans le concert de réactions à la guerre entre Israël et le Hamas, c’est vers le Royaume-Uni qu’il convenait de se tourner. Le prince William, se démarquant résolument des usages de la famille royale britannique, “qui évite normalement tout commentaire public sur les questions controversées ou politiques”, a en effet publié une déclaration qui a “consterné” les autorités israéliennes, rapporte The Daily Telegraph.

“Très préoccupé par le coût humain du conflit au Moyen-Orient depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre”, le prince de Galles a ouvertement appelé à la fin de la guerre. “Il y a eu trop de morts. Comme tant d’autres, je souhaite que les combats cessent le plus rapidement possible. Gaza a désespérément besoin d’une aide humanitaire accrue. Il est essentiel que l’aide soit acheminée et que les otages soient libérés”, a-t-il déclaré.

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