JO Paris 2024 : une canicule pire que celle de 2003 est possible, s’alarment les chercheurs

    Des chercheurs alertent sur le risque d’un scénario semblable à celui du début du siècle : un phénomène pire que ceux envisagés jusqu’alors.

    L'épreuve du marathon fait partie de celles qui peuvent être à risque en raison de la chaleur et du fait qu'elle se déroule en extérieur. Icon sport
    L'épreuve du marathon fait partie de celles qui peuvent être à risque en raison de la chaleur et du fait qu'elle se déroule en extérieur. Icon sport

      Des chercheurs alertent ce jeudi sur le risque d’une canicule bien pire que celle de 2003 pendant les Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. Ce scénario catastrophe est de l’ordre du possible dans un monde marqué par le dérèglement climatique, un enjeu dont les organisateurs disent avoir « pleinement conscience ».

      Des scientifiques ont ainsi voulu calculer quelle pourrait être la pire vague de chaleur possible sur une période de 15 jours en région parisienne pour les JO (26 juillet-11 août). « La motivation dès le départ, c’était de partir du constat de la canicule de 2003, qui nous a tous surpris par son ampleur » et dont « personne ne pensait qu’elle était possible avant qu’elle n’arrive », explique Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), l’auteur principal de l’étude publiée dans la revue Npj Climate and atmospheric science.

      Lors de la canicule de 2003, les hôpitaux avaient été débordés par un afflux de patients et l’épisode s’était soldé par 15 000 décès, selon des estimations. Pendant neuf jours consécutifs, Paris a alors connu des températures supérieures à 35°C durant la journée, avec peu de fraîcheur la nuit.

      Record atteignable et même dépassable

      Est-il possible de faire pire que la moyenne de 2003 ? « Des températures qui dépassent le record de 2003 d’environ 4°C » en Ile-de-France « sont possibles », concluent les auteurs dans l’article. « En vingt ans, le climat a changé et l’idée était d’alerter les pouvoirs publics que quelque chose de nettement pire que 2003 peut arriver, que c’est possible », souligne Pascal Yiou. « Au XXe siècle, il n’était pas possible de dépasser ce record. Mais maintenant on peut non seulement l’atteindre mais aussi le dépasser avec une probabilité finalement assez forte, proche de 1/100 », estime le chercheur.

      Les organisateurs des JO disent avoir « pleinement conscience de l’impact que peut avoir le changement climatique sur les compétitions ». « La canicule et les conditions météorologiques extrêmes sont une hypothèse que nous prenons en compte et que nous anticipons au maximum, pour prendre les mesures nécessaires », indiquent-ils. Ils collaborent d’ailleurs avec Météo-France et Santé publique France.

      Pour leur étude, les chercheurs ont de leur côté réalisé un exercice de simulation du pire se fondant sur les modèles climatiques utilisés notamment par les climatologues du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, mandatés par les Nations unies). Pour qu’une telle vague de chaleur extrême se produise, il faudrait la conjonction d’un anticyclone stable et d’un phénomène météorologique nommé « goutte froide », capable de pomper de l’air très chaud du Sahara vers la France, précisent-ils.

      Aménagements possibles dans le planning des épreuves

      Mais ce n’est en aucun cas une prévision de la météo pour l’été prochain. Météo France ne publie pour sa part que de « grandes tendances » sur trois mois et il faudra donc attendre avril pour avoir une indication assez vague pour juillet. « Nous ne saurons pas en avril si/quand il y aura des canicules en juillet, nous aurons une tendance sur un scénario proche, en dessous ou au-dessus des normales », précise-t-on à Météo France. Un élément pourrait peser : El Niño. Il pourrait connaître son pic d’activité à la fin du printemps. Ses effets intervenants avec retard en raison de l’inertie de l’atmosphère, ils pourraient culminer l’été prochain.

      Les JO de Tokyo (2021) ont été les plus chauds enregistrés depuis 1952 mais avec un effet limité puisqu’ils se sont déroulés sans spectateurs en raison des restrictions de déplacement mises en place pour limiter la propagation du Covid-19. Pour 2024, les organisateurs disent avoir prévu des « mesures spécifiques » selon les sports. Si des aménagements sont plutôt aisés pour les épreuves en intérieur (climatisation ou installation de voiles sur la verrière du Grand Palais par exemple), celles en extérieur pourraient nécessiter d’être « reprogrammées ». « La décision sera prise au cas par cas », indique-t-on, rappelant que « ces décisions ont déjà été observées lors de précédentes éditions des Jeux, notamment à Tokyo ». L’horaire du Marathon femmes y avait ainsi été avancé en raison des fortes chaleurs.