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Tensions internes

Bakhmout : le chef de Wagner dit avoir eu «la promesse» de Moscou de recevoir les munitions demandées

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Après avoir menacé de se retirer, Evguéni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire russe qui mène l’assaut dans la ville-clé de l’est ukrainien, a affirmé dimanche avoir eu «la promesse» de l’armée russe de recevoir plus de munitions et d’armements.
par LIBERATION et AFP
publié le 5 mai 2023 à 10h50
(mis à jour le 7 mai 2023 à 12h16)

Ce n’est qu’une promesse, mais elle a apparemment suffi à calmer Evguéni Prigojine. Le chef du groupe paramilitaire Wagner a affirmé dimanche avoir eu «la promesse» de l’armée russe de recevoir plus de munitions et d’armements, après avoir menacé de se retirer de la ville ukrainienne de Bakhmout faute de plus de soutien. «Cette nuit, nous avons reçu un ordre de combat […]. On promet de nous donner toutes les munitions et les armements dont on a besoin pour poursuivre les opérations», a indiqué Evguéni Prigojine dans un message audio publié par son service de presse. De quoi mettre à terme à plusieurs jours de bras de fer du chef de Wagner avec les autorités russes.

Après avoir menacé vendredi de retirer prochainement ses combattants de la ville de Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, à cause d’un manque de munitions, le chef du groupe paramilitaire Wagner avait demandé samedi au ministre russe de la Défense de confier aux troupes tchétchènes ses positions à Bakhmout. «On nous jure que tout le nécessaire sera fourni à nos flancs [autour de Bakhmout, ndlr] pour que l’ennemi ne les perce pas et on nous dit qu’on peut agir à [Bakhmout] comme on l’estime nécessaire», a-t-il ajouté.

Il affirme aussi que le général Sergueï Sourovikine prendra désormais «toutes les décisions concernant les opérations militaires de Wagner en coopération avec le ministère russe de la Défense». «C’est la seule personne avec des étoiles de général d’armée qui sait combattre», a lancé Prigojine.

«Pertes inutiles et injustifiées»

«Je vous demande d’émettre un ordre de bataille sur le transfert, avant minuit le 10 mai, des positions du groupe Wagner aux unités du bataillon Akhmat dans la localité de Bakhmout et ses environs», avait écrit Evguéni Prigojine, dans une lettre publiée par son service de presse adressée au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Sur Telegram, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov avait affirmé vendredi soir que ses combattants étaient prêts à occuper les positions russes dans la ville, si le groupe Wagner retirait ses unités. «Nos combattants sont prêts à s’avancer et à occuper la ville. Cela prendrait quelques heures», a assuré Ramzan Kadyrov, indiquant que ses troupes avaient déjà combattu aux côtés de celles de Wagner dans les villes ukrainiennes de Popasna, Severodonetsk et Lissytchansk, conquises par la Russie. En réponse, Evguéni Prigojine, l’a remercié pour sa proposition, assurant que Bakhmout, qui résiste aux assauts russes depuis l’été dernier, serait «pris sans aucun doute» par les troupes tchétchènes.

Plus tôt dans la semaine, Evguéni Prigojine était apparu dans plusieurs vidéos. «Nous allions prendre la ville de Bakhmout avant le 9 mai. Lorsqu’ils ont vu cela, les bureaucrates militaires ont stoppé les livraisons [de munitions] […] Par conséquent, à partir du 10 mai 2023, nous nous retirerons de Bakhmout», a menacé Evguéni Prigojine. Il dit refuser que «[ses] gars, sans munitions, subissent des pertes inutiles et injustifiées». Poursuivant : «Nous attendons un ordre pour quitter Bakhmout. Nous serons à Bakhmout jusqu’au 9 mai […] Après, nous irons vers les camps à l’arrière.»

Puis dans une nouvelle vidéo, quelques heures plus tard, le même Evguéni Prigojine s’en est à nouveau pris à l’état-major russe, qu’il accuse de porter «la responsabilité de dizaines de milliers de tués et de blessés devant leurs mères et leurs enfants».

«Où sont mes putains d’obus ?»

Cette décision arrive après des semaines de tensions croissantes entre le groupe Wagner et l’armée. Evguéni Prigojine accuse régulièrement l’état-major de ne lui avoir fourni que 32 % des munitions demandées depuis octobre dernier pour le priver d’une victoire qui ferait de l’ombre à l’armée régulière.

Dans une précédente séquence vidéo particulièrement virulente publiée dans la nuit de jeudi à vendredi, Evguéni Prigojine accuse nommément le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l’état-major russe Valéri Guérassimov d’être responsables des pertes de Wagner.

Déambulant au milieu de dizaines de corps présentés comme ceux de membres de Wagner tués au combat, il lance : «Ils sont morts pour que vous puissiez vous engraisser dans vos bureaux !» «Choïgou ! Guérassimov ! Où sont mes putains d’obus ?!» crie Evguéni Prigojine, le visage déformé par la rage et en lâchant une pluie d’insultes.

Wagner a subi ces derniers mois de lourdes pertes en essayant de prendre la ville de Bakhmout dans l’est de l’Ukraine. Le groupe paramilitaire a conquis une grande partie de la ville, mais n’arrive pas à prendre les dernières positions ukrainiennes. Si le Kremlin dément toute tension au sein des forces russes, les dernières déclarations de Evguéni Prigojine prouvent le contraire.

Mise à jour : vendredi à 15 h 48 avec d’autres déclarations de Prigojine puis samedi à 16 h 12 avec la demande officielle de lever le siège. Et dimanche avec la promesse de munitions des russes.

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