La coopération en matière de défense entre Washington et Séoul bat son plein. Les exercices « Freedom Shield » entre les forces américaines et sud-coréennes ont commencé lundi 13 mars. Ils constituent les plus importantes manœuvres militaires conjointes en cinq ans des deux pays.
Prévus sur dix jours, ces exercices seront axés sur « l’évolution de l’environnement de sécurité » due à l’agressivité redoublée de la Corée du Nord, ont déclaré les alliés. Fait rare, l’armée sud-coréenne a révélé, au début de mars, que les forces spéciales de Washington et Séoul organiseraient des manœuvres militaires « Teak Knife » − qui consistent à simuler des frappes de précision sur des installations-clés en Corée du Nord − avant « Freedom Shield ».
Tous ces exercices suscitent l’ire de Pyongyang, qui les considère comme des répétitions générales d’une invasion de son territoire ou d’un renversement de son régime, tout en justifiant ses propres programmes d’armes nucléaires et balistiques par la nécessité de se défendre.
Pyongyang en « position invariable »
Dimanche, la Corée du Nord a lancé deux missiles de croisière depuis un sous-marin, a annoncé, lundi, l’agence de presse nord-coréenne KCNA, qui assure que l’exercice a été couronné de succès, les missiles ayant atteint leurs cibles désignées et non spécifiées au large de la côte est de la péninsule coréenne.
L’agence a expliqué que ce tir exprimait « la position invariable » de la Corée du Nord face à une situation dans laquelle « les impérialistes américains et les forces fantoches sud-coréennes avancent de manière de moins en moins dissimulée dans leurs manœuvres militaires contre la RPDC », la République populaire démocratique de Corée.
La semaine dernière, Kim Yo-jong, la très puissante sœur du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, citée par KCNA, a déclaré qu’une interception des missiles lancés par son pays serait « considérée comme une claire déclaration de guerre ». En 2022, le Nord a qualifié d’« irréversible » son statut de puissance nucléaire et a conduit une série d’essais balistiques en violation de résolutions des Nations unies.
Vendredi, KCNA a rapporté que Kim Jong-un avait ordonné à son armée d’intensifier ses manœuvres militaires en vue d’une « guerre réelle ». Elle a également fait savoir dimanche que « des mesures pratiques importantes ont été discutées et adoptées pour un usage plus efficace, plus puissant et plus offensif de la dissuasion de guerre », lors d’une réunion de la Commission militaire centrale du Parti des travailleurs, au pouvoir, présidée par Kim Jong-un.
Engagement « sans faille »
Washington a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement « sans faille » à défendre la Corée du Sud en utilisant « toute la gamme de ses capacités militaires, y compris nucléaires » et récemment cherché à rassurer Séoul quant à leur capacité de dissuasion élargie à leurs alliés. La Corée du Sud, qui ne détient pas l’arme atomique, reste officiellement engagée en faveur de la non-prolifération, même si les appels se multiplient au niveau national pour que le pays obtienne ses propres armes nucléaires.
Bien que la politique officielle des deux pays à l’égard du Nord, à savoir que le leader nord-coréen doit renoncer à ses armes nucléaires et revenir à la table des négociations, n’ait pas changé, les experts estiment qu’il y a eu un changement en pratique.
Washington a « effectivement reconnu que la Corée du Nord ne renoncera[it] jamais à son programme nucléaire », a déclaré, à l’AFP, le transfuge An Chan-il, directeur de l’Institut mondial d’études nord-coréennes. « Freedom Shield » sera en conséquence « très différent − tant sur le plan qualitatif que quantitatif − des exercices conjoints précédents qui ont eu lieu ces dernières années », a-t-il ajouté.
La Corée du Nord, qui a récemment appelé à une augmentation « exponentielle » de la production d’armes, y compris d’armes nucléaires tactiques, devrait continuer à répondre par des tirs de missiles et des manœuvres militaires.
Contribuer
Réutiliser ce contenu