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Le youtubeur Victor Bonnefoy, alias Inthepanda, accusé de violences sexuelles et de corruption de mineurs

Violences sexuellesdossier
Demande de photos dénudées, agressions sexuelles et viol présumés : le média en ligne Numerama a recueilli 20 témoignages mettant en cause le vidéaste aux 300 000 abonnés, spécialisé dans le cinéma.
par Léna Coulon
publié le 16 décembre 2022 à 14h50

Le mode opératoire attribué à Victor Bonnefoy alias Inthepanda évoque cruellement celui d’une autre star de Youtube, Norman, mis en cause pour corruption de mineurs et viol. Celui, écrit Numerama dans une enquête étayée par 20 récits de victimes présumées et de témoins, «d’un youtubeur influent, ayant une forte emprise sur sa communauté de fans et sur ses proches ; d’une personnalité consciente de sa notoriété, qui aurait profité de son statut pour obtenir des photos dénudées de ses abonnées et qui aurait abusé de certaines de ses partenaires sexuelles», dont l’une l’accuse de viol. Le média en ligne n’a pas, à ce jour, eu connaissance de l’existence d’une plainte ou d’une procédure judiciaire.

Sous son alias Inthepanda, Victor Bonnefoy est suivi par 303 000 personnes sur sa chaîne Youtube dédiée au cinéma. Parmi les victimes contactées par Numerama, la plus jeune avait 13 ans lorsqu’il lui aurait demandé des «nudes», ou photos dénudées, en 2015. Lui en avait 21. Les témoignages recueillis dépeignent les insistances, manipulations, chantages voire la contrainte que le vidéaste aurait déployés pour obtenir des relations sexuelles et des photos intimes. Contacté par le média en ligne, le youtubeur a répondu par le biais de son avocate qu’il «conteste fermement avoir commis la moindre infraction à caractère sexuel, que ce soit à l’encontre de majeur-e-s ou de mineur-e-s».

Des dénonciations dès 2016

«Depuis des années, des déclarations de victimes présumées étaient publiées à intervalles réguliers sur le réseau social [Twitter]. Mais jusque-là, Victor Bonnefoy n’avait jamais été inquiété», précise Numerama, qui évoque de «premières histoires» relatées dès 2016. Cette année, une femme publie une accusation de viol à son encontre. D’après Numerama, Victor Bonnefoy se serait alors attelé à décrédibiliser la parole de la victime présumée. «Il a réussi à convaincre énormément de monde en présentant [la victime] comme une personne peu fiable, qui avait de la rancune contre lui, témoigne ainsi l’un des proches du vidéaste. Il a fait circuler dans notre groupe un dossier, avec de nombreux échanges entre lui et [elle], pour montrer que l’accusation était bidon et qu’elle cherchait juste à lui nuire.»

Le youtubeur n’est pas inquiété et aurait par ailleurs, de manière répétée, exhibé les photos intimes envoyées par des fans lors de plusieurs soirées avec des amis. C’est en novembre dernier qu’un tournant s’opère : après que l’une des agressions sexuelles présumées a circulé «dans le milieu très fermé des vidéastes», le média Sens Critique interrompt les chroniques tenues par Victor Bonnefoy, et le cinéma parisien du Club de l’Étoile annonce «mettre fin à [sa] collaboration» avec lui.

Après l’affaire Experimentboy (de son vrai nom Baptiste Mortier-Dumont), sous le coup d’une enquête pour corruption de mineurs, et celle impliquant Norman Thavaud, visé par une enquête préliminaire sur des faits de corruption de mineurs et de viol, les accusations qui pèsent sur Victor Bonnefoy marquent un nouveau séisme dans le milieu des vidéos en ligne français, deux ans après le lancement du mouvement #BalanceTonYoutubeur.


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