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Pourquoi constate-t-on de tels écarts dans le décompte des manifestants ?

Alors que les écarts entre les chiffres dénombrés par la police et ceux observés par les syndicats posent régulièrement question, retour sur les méthodes utilisées par la police, les syndicats et le cabinet indépendant Occurrence.

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Publié le 31 janvier 2023 à 19h29, modifié le 01 février 2023 à 17h13

Temps de Lecture 2 min.

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Dans le cortège de la manifestation contre la réforme des retraites à Valenciennes, le 31 janvier 2023.

A Marseille, mardi 31 janvier, la police a compté 40 000 manifestants contre la réforme des retraites, la CGT 205 000. A Nantes, ils étaient 28 000 selon la police, 65 000 selon les syndicats. La science du comptage des foules est subtile et d’autant plus complexe lors des manifestations, par définition en mouvement et caractérisées par des variations de densité. Pourquoi un tel écart de chiffres ? Le Monde fait le point sur les méthodes utilisées par la police, les syndicats et le cabinet indépendant Occurrence.

Un comptage manuel pour la police

Le comptage fait par la police se fait manuellement, en « cliquant » à l’aide d’un compteur, actionné à chaque passage d’une dizaine de personnes. Il est effectué par « des effectifs dédiés » qui se placent généralement sur un point en hauteur, « à quelques centaines de mètres du lieu de départ » de la manifestation, précise le ministère de l’intérieur.

Un second point haut peut être mis en place « à la moitié du parcours » pour les mobilisations plus importantes, poursuit la place Beauvau. Par ailleurs, la police peut enregistrer une manifestation et effectuer un recomptage ultérieur après visionnage des vidéos.

Des estimations pour les syndicats

Côté syndicats, le comptage est fait manuellement avec des moyens purement humains. Des militants placés le long du cortège comptent une à une les lignes de manifestants. « Ils estiment à vue d’œil combien il y a de personnes par ligne, et ils multiplient ces deux nombres », explique Franceinfo.

Appel à la technologie pour un cabinet indépendant

Depuis 2017, un comptage indépendant est mis en place par le cabinet Occurrence, qui fournit les chiffres relevés lors des manifestations à un collectif de médias, dont Le Monde fait partie. Occurrence fait appel à la technologie « Eurecam », utilisée notamment pour des missions de « sécurité, dans les aéroports ou les fanzones », résume auprès du Monde son président, Assaël Adary. Des capteurs placés sur le passage du cortège créent un champ avec une ligne virtuelle. Tous ceux qui franchissent cette ligne sont comptabilisés par ces capteurs.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le cabinet Occurrence et la science fragile du comptage des manifestants

Les mouvements de personnes dans des manifestations étant plus complexes que dans une fanzone pour un événement sportif, avec par exemple des différences de densité ou de visibilité, il existe une marge d’erreur qui peut être de 30 % à 40 %, selon M. Adary. Cependant, cette marge d’erreur est corrigée avec des « microcomptages manuels », notamment quand la densité est forte, ou qu’un élément, comme un fumigène, vient perturber la visibilité.

« Quand on recompte, c’est presque systématiquement pour ajouter » des manifestants, fait savoir le président du cabinet : « Nous communiquons aux médias, à la fin des manifestations, une sorte de tableur où l’on voit les chiffres, observés par tranches de huit secondes, avec le chiffre donné par le capteur, et le chiffre corrigé. » Sur quarante manifestations, les chiffres relevés par Occurrence étaient entre 15 % et 20 % au-dessus de ceux relevés par les préfectures, et ceux des syndicats étaient entre 220 % et 250 % plus élevés.

Quelle méthode est la plus fiable ?

Peut-on déterminer quelle méthode se rapproche le plus de la réalité ? Une commission a tenté d’y répondre en 2014. Dominique Schnapper, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Pierre Muller, inspecteur général de l’Insee, et Daniel Gaxie, professeur de science politique, ont été mandatés par la Préfecture de police de Paris afin d’étudier la meilleure manière de compter.

Malgré une « marge d’erreur inévitable », ces trois personnalités concluaient alors que le système employé par la police était le moins imparfait. Les auteurs de l’étude recommandaient néanmoins aux policiers de communiquer une fourchette plutôt qu’un chiffre précis. Par ailleurs, l’étude, parue en 2015, ne prenait pas en compte les méthodes du cabinet Occurrence, dont le comptage indépendant a été lancé en 2017.

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