Italie : accusé d'agression sexuelle, il est relaxé car son geste n'a duré "que 10 secondes"

L'accusé, un agent d'entretien d'une école de cinéma romaine, a été relaxé par la justice car son geste était trop bref et peu "insistant" pour constituer un crime. Une décision qui indigne en Italie.

Des élèves dans un établissement scolaire (illustration)

Crédit : DAMIEN MEYER / AFP

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Un verdict qui ressemble à s'y méprendre à une mauvaise blague. Pourtant, la décision du tribunal de Rome prononcée samedi 8 juillet est plus que sérieuse. Alors qu'il comparaissait pour des soupçons d'agression sexuelle sur une adolescente de 17 ans dans l'école de cinéma où il travaille comme agent d'entretien, un homme de 66 ans a été relaxé, car son geste n'a duré qu'"une poignée de seconde" et ne peut donc constituer un crime, estime la justice romaine.

Les faits se sont produits en avril 2022, raconte la presse italienne. Une étudiante de l'école de cinéma et de télévision Roberto Rossellini, située à Rome, se trouvait dans la cage d'escalier lorsqu'elle a senti une main pénétrer dans son pantalon et lui toucher les fesses, la soulevant au-dessus du sol. L'agent d'entretien ne se cache pas d'être à l'origine de ce geste, indiquant alors à la jeune fille, qui s'est empressée de s'éloigner : "Chérie, tu sais que je rigolais". Une version confirmée par une amie de l'étudiante, qui a assisté à la scène.

Un simple "acte maladroit" et "sans contact insistant"

Toutefois, malgré ce témoignage, le sexagénaire - qui nie avoir glissé sa main sous les vêtements de la jeune fille - ne sera pas condamné. Le jury a conclu qu'il s'agissait d'un "acte maladroit sans désir sexuel" : "La soudaineté de l'action, sans contact insistant, et qui peut être considérée 'presque comme une brève palpation' ne permet pas de caractériser l'intention libidineuse (…) généralement requise par le droit pénal", ont expliqué les juges.

Pour ces derniers, l'acte, d'une durée "de 5 à 10 secondes" selon l'étudiante, n'a pas été réalisé avec l'intention d'agresser. Ce qui "ne constitue pas un crime", ont-ils tranché.

Après cette décision, si une fille est tripotée, elle finira par penser qu'il ne vaut pas la peine de dénoncer la violence.

L'étudiante dans le "Corriere della Serra"

Une décision qui a bien entendu révolté la victime présumée et son conseil, soutenues par le syndicat lycéen "Réseau des élèves du secondaire" de la région de Rome. La plaignante ne compte pas en rester là et espère que le parquet fera appel : "Je ressens tellement de colère. Ce n'est pas la justice. (...) Je me sens trahie deux fois : d'abord à l'école, où ce qui s'est passé s'est passé, et maintenant par le tribunal", a-t-elle déclaré à l'issue de l'audience dans le Corriere della Serra, repris par nos confrères de BFMTV.

Et d'ajouter, alarmée, au sujet des conséquences pour les affaires de violences sexuelles : "Après cette décision, si une fille est tripotée, elle finira par penser qu'il ne vaut pas la peine de dénoncer la violence".

TikTok s'empare de l'affaire avec le hashtag "#10secondi"

Une affaire qui n'a pas manqué de gagner les réseaux sociaux, où de nombreux internautes se sont emparés de ce verdict pour le détourner, en créant le hashtag #10secondi sur TikTok. Un mot-clef lancé par Paolo Camilli, star de la série White Lotus, qui rappelle les 10 secondes évoquées par le jury pour justifier la relaxe, et regroupe des vidéos où des internautes se palpent les parties intimes durant 10 secondes. Une durée qui peut être longue, contrairement aux apparences, prouvent-ils.

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