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La Marocaine Nouhaila Benzina première joueuse voilée à disputer une Coupe du monde

Sur le banc lors du premier match, Nouhaila Benzina a disputé ses premières minutes en Coupe du monde. (H. Mckay/Reuters)
Sur le banc lors du premier match, Nouhaila Benzina a disputé ses premières minutes en Coupe du monde. (H. Mckay/Reuters)

Lors de la victoire du Maroc face à la Corée du Sud (1-0) ce dimanche, la Marocaine Nouhaila Benzina a été la première joueuse voilée à disputer un match dans la compétition. Cela a été rendu possible grâce à un changement de législation de la FIFA effectué il y a une décennie. En France, le port du voile dans les compétitions est interdit.

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Les Marocaines ont glané leur premier succès en Coupe du monde ce dimanche, face à la Corée du Sud (1-0). Si les Lionnes de l'Atlas ont réalisé une performance historique, l'autre fait inédit du match concernait la défenseuse Nouhaila Benzina. Sur le banc lors de la lourde défaite de sa sélection contre l'Allemagne (6-0), la joueuse est devenue la première femme voilée à disputer un Mondial. « Beaucoup de travail a été fait pendant plusieurs années, et il y a eu un résultat positif », déclarait-elle au micro d'Al-Jazeera en amont de la compétition.

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Cette possibilité, la joueuse de FAR Rabat l'a eue en raison d'un changement de législation de la FIFA opéré il y a près d'une décennie, le 1er mars 2014. « C'était une requête qui venait d'un groupe de pays et d'un groupe de joueuses qui disaient que cela contribuerait au développement du football et ce fut le principal argument qui a poussé l'IFAB - l'organisme qui détermine les lois du jeu - à dire oui », soulignait à l'époque Jérôme Valcke, l'ancien secrétaire général de la FIFA, dans Le Monde. L'Iran avait par exemple porté plainte contre la FIFA, car ses joueuses, interdites de découvrir leurs têtes, n'avaient pas pu participer aux JO de Londres en 2012.

Une position différente en France

Cette position tenue par la FIFA n'est pas celle de la France. Juridiquement et politiquement, le sujet a suscité de vifs débats et prises de positions. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'était montré critique à l'idée de voir évoluer des joueuses voilées sur les terrains. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait reconnu ne pas exclure une « évolution du droit ». Enfin, la Première ministre, Élisabeth Borne, avait soutenu devant l'Assemblée Nationale que le gouvernement était « pleinement mobilisé » pour le respect de la laïcité dans le sport.

En juin, la requête des Hijabeuses - un collectif de joueuses musulmanes qui réclament le droit de jouer voilées en compétition - avait été rejetée par le Conseil d'État, malgré un avis favorable du rapporteur public. Le débat portait sur l'abrogation ou le maintien de l'article 1er des statuts de la FFF, qui interdit notamment « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ». Cette disposition est toujours en vigueur. Dans la foulée, la joueuse Lina Boussaha, formée au PSG et exilée en Arabie saoudite pour évoluer sur les terrains avec son voile, avait manifesté son incompréhension : « Ça va empêcher ces femmes, ces citoyennes françaises d'être épanouies sur un terrain et de pouvoir pratiquer le sport qu'elles aiment. C'est très triste d'en arriver là. Elles vont être exclues du football. On est vraiment sur de l'injustice et de l'inégalité. »

publié le 30 juillet 2023 à 11h49 mis à jour le 30 juillet 2023 à 15h34