DIFFAMATIONPour Johnny Depp, une victoire presque totale

Procès Depp-Heard : Pour Johnny Depp, une victoire presque totale face à Amber Heard

DIFFAMATIONAmber Heard devra verser plus de 10 millions de dollars à Johnny Depp , qui n'aura, lui que 2 millions de dollars à payer son ex-épouse
Johnny Depp lève le poing au tribunal de Fairfax county, en Virginie, le 27 mai 2022, après la plaidoirie finale de son avocate Camille Vasquez (droite).
Johnny Depp lève le poing au tribunal de Fairfax county, en Virginie, le 27 mai 2022, après la plaidoirie finale de son avocate Camille Vasquez (droite). - AFP / Pixpalace
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Question après question, le jury a répondu « oui » une vingtaine de fois. Oui, Amber Heard a diffamé Johnny Depp en écrivant dans un édito qu’elle était « une figure publique représentant les violences conjugales ». « Oui », elle parlait bien, même sans le citer, de son ex-mari. « Oui », elle avait une « intention malveillante ». Quand le chiffre, très lourd, de quinze millions de dollars de dommages et intérêts – ensuite réduit à un peu plus de 10 millions par la juge – est tombé, Amber Heard a semblé accuser le coup. Certes, le jury a aussi conclu que Johnny Depp l’avait également diffamée et devrait lui verser 2 millions de dollars. Mais après six semaines de grand déballage, l’acteur, qui était loin, à Londres, a savouré une victoire retentissante sur Instagram, écrivant : « Le jury m’a rendu la vie. »

Il faisait pourtant face à un Everest judiciaire. De nombreux observateurs rappelaient que gagner un procès en diffamation, particulièrement pour une célébrité aux Etats-Unis, patrie du « free speech », est beaucoup plus difficile devant un jury que sur Twitter. Mais Johnny Depp a pu compter sur une équipe d’avocats pugnaces qui ont tenté de prouver, enregistrements à l’appui, qu’Amber Heard, qui se présentait à la barre comme une victime, était la véritable coupable de violences. Ou avait au minimum participé à une relation toxique. Camille Vasquez, qui s’est révélée lors de ce procès, avait le sourire triomphant devant les caméras, lançant : « Ce verdict confirme ce que nous avons dit depuis le début : les accusations contre Johnny Depp étaient diffamatoires et n’étaient appuyées par aucune preuve. »

Amber Heard « dévastée »

Amber Heard, qui dispose de 30 jours pour faire appel – le point le plus controversé est sur le titre de l’édito sur les « violences sexuelles », qu’elle n’a pas écrit mais seulement retweeté – s’est dite « déçue » et « dévastée ». Elle regrettera peut-être la stratégie de ses avocats, qui ont consacré l’essentiel de leur temps imparti sur les violences qu’elle disait avoir subies, oubliant d’insister sur les protections liées à la liberté d’expression face à la diffamation.

Il a notamment fallu attendre le dernier jour des plaidoiries pour entendre l’un de ses conseils expliquer aux jurés que même s’ils ne croyaient pas tout ce que disait Amber Heard, il suffisait que Johnny Depp ait été violent une seule fois, physiquement ou verbalement, pour que son édito ne soit pas diffamatoire.

Des hommes contre-attaquent

Amber Heard ne le dit pas explicitement, mais elle sous-entend que cette décision pourrait marquer un coup d’arrêt pour le mouvement #MeToo. « Je suis encore plus déçue par ce que ce verdict signifie pour les autres femmes. C’est un retour en arrière, à une époque où les femmes témoignant publiquement étaient humiliées », écrit-elle sur Instagram.

Certains n’ont pas mis longtemps à réagir. Le chanteur Ryan Adams, accusé de harcèlement par sept femmes, dont Mandy Moore, a répondu au message de Johnny Depp sur Instagram avec des emojis de cœur et de mains levées. Et l’action de l’acteur semblait déjà avoir inspiré son ami Marilyn Manson, accusé de viol et de violences par son ex-compagne Evan Rachel Wood : le chanteur a porté plainte pour diffamation en mars dernier.

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