Elon Musk a secrètement ordonné à ses ingénieurs d’éteindre le réseau de communication par satellite Starlink de SpaceX près de la côte de Crimée l’année dernière pour perturber une attaque ukrainienne contre la flotte navale russe, révèle une nouvelle biographie du milliardaire évoquée le jeudi 7 septembre par CNN.

La chaîne américaine publie un extrait de cette biographie, intitulée Elon Musk, à paraître le 12 septembre aux États-Unis aux éditions Simon & Schuster (le 13 septembre en France aux éditions Fayard). D’après l’auteur du livre, Walter Isaacson, connu pour ses biographies de personnalités telles que Steve Jobs ou Albert Einstein, les drones sous-marins ukrainiens chargés d’explosifs étaient prêts à attaquer la flotte russe en mer Noire, mais ils “ont perdu leur connexion et se sont échoués sur le rivage sans dommage”.

Le milliardaire a dit au biographe avoir craint que l’attaque ne déclenche un “mini-Pearl Harbor” si la Russie avait réagi avec des armes nucléaires. “Selon Walter Isaacson, [sa] décision était motivée par une peur aiguë que la Russie ne réponde à une attaque ukrainienne contre la Crimée par des armes nucléaires, une peur renforcée par les conversations de Musk avec de hauts responsables russes”, rapporte CNN, qui note que ces craintes ne se sont “pas concrétisées en Crimée”.

La solution du “lèche-bottes de Poutine”, s’indigne The New Republic, “a donc consisté à s’immiscer dans un conflit dans lequel il n’avait pas à s’immiscer, et qu’il n’était pas en mesure de résoudre”. En août, rappelle le média, le journaliste “Ronan Farrow a publié un article sur M. Musk dans le New Yorker, révélant que ce dernier a menacé à plusieurs reprises de couper l’accès de l’Ukraine au réseau Starlink, qui est devenu essentiel à la réussite militaire du pays”.

“Pas destiné à être impliqué dans les guerres”

L’incident a poussé Kiev à supplier Elon Musk de rallumer les satellites, retrace le site de CNN. “Les responsables ukrainiens et américains […] ont fait appel à Musk directement. Ce dernier a fini par accepter.”

Si la presse s’était déjà fait l’écho de l’affaire, ces nouveaux détails “soulignent à quel point de nombreux gouvernements sont devenus dépendants” de l’entrepreneur, “un homme qui contrôle à la fois un moyen dominant de communication à grande vitesse et une plateforme majeure de discours public, X (anciennement Twitter)”, décrypte The Washington Post. Ils rappellent aussi “que le fondateur de SpaceX a acquis une influence considérable parce que ses concurrents se sont révélés incapables de suivre le rythme effréné d’innovation” de la société.

SpaceX a commencé à fournir le service Internet Starlink à l’Ukraine après l’invasion russe, en février 2022, “créant ainsi une bouée de sauvetage pour le pays, alors que ses systèmes de communication étaient en grande partie hors service”, se souvient le journal.

“L’armée ukrainienne s’est fortement appuyée sur ce système pour les communications entre les troupes de première ligne et les commandants plus éloignés des combats, alors que les forces russes ciblent l’infrastructure de communication du pays”, note pour sa part Forbes.

The Verge observe de son côté que, “le conflit s’éternisant, Musk se sent de plus en plus mal à l’aise en raison du rôle géopolitique de premier plan que lui confère SpaceX”. “En quoi suis-je impliqué dans cette guerre ?” demande-t-il dans un extrait du livre de Walter Isaacson relayé par CNN. “Starlink n’a pas été conçu pour être impliqué dans les guerres. C’était pour que les gens puissent regarder Netflix et se détendre, se connecter à l’école et faire de bonnes choses pacifiques, pas des frappes de drones.”