Il s’agit du premier incendie d’ampleur sur le territoire français pour l’année 2023 : « Plus de 930 hectares » de végétation ont été ravagés, dimanche 16 avril, dans les Pyrénées-Orientales par un incendie débuté le matin sur le site de Peyrefite à Cerbère. Alors qu’il a « passé la frontière avec l’Espagne » dimanche soir, comme l’a annoncé la préfecture du département dans un communiqué, ce dernier a été maîtrisé dans la nuit, « aux alentours de 2 heures », a appris l’Agence France-Presse (AFP) lundi auprès des pompiers du département.
« Ce matin [lundi], on continue à traiter les lisières. Avec le jour, le vent va reprendre et on va bien vérifier qu’il n’y ait pas de reprise dans des zones où le feu pourrait être sous-jacent », a expliqué un porte-parole de ces derniers.
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu sur place aux alentours de 8 h 30, « pour faire un point de situation, soutenir les 500 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs mobilisés et les Pyrénéens durement touchés », comme annoncé dimanche. « [Le feu] n’est pas éteint, mais il est maîtrisé aujourd’hui [lundi]. Mais il faudra encore de nombreuses heures de travail pour les sapeurs-pompiers pour éviter tout risque de propagation », a déclaré le ministre.
Gérald Darmanin déplore un « désastre écologiste »
Evoquant l’état de « sécheresse (…) fortissime » qui touche le département et le pays, le ministre a déploré le déclenchement du « plus grand feu de l’année 2023 », qu’il a qualifié de « désastre écologique », ayant commencé « à une date extrêmement précoce ». Il a toutefois salué le travail des sapeurs-pompiers des Pyrenées-Orientales ayant permis, selon lui, d’éviter toute victime et destruction d’habitation, ainsi que de circonscrire le feu.
« Nous allons connaître un été 2023 très dur, sans doute au moins autant que celui de 2022 », a ajouté le ministre, devant la presse, expliquant que « ce qui est très impressionnant, c’est à la fois l’avancée dans le temps de la saison des feux et le fait que 50 % des feux l’été dernier ont touché le nord de la Loire ».
M. Darmanin a, par ailleurs, précisé qu’en plus des 930 hectares partis en fumée en France, 130 hectares ont été ravagés du côté espagnol, et qu’une enquête avait été ouverte par le parquet pour déterminer les causes du départ du feu.
Insistant sur la précocité de « la saison des feux, qui commence normalement au mois de juin », le ministre a répété vouloir faire passer « un message de prévention » aux Français, appelant ces derniers à la vigilance, alors que neuf départs sur dix d’incendies sont d’origine humaine.
Un feu attisé par un vent violent
Le feu s’est déclaré dimanche matin entre les communes de Cerbère et de Banyuls-sur-Mer, il a ensuite été attisé par une forte tramontane, tandis que jusqu’à 540 pompiers ont été mobilisés pour tenter d’y mettre fin.
Six avions bombardiers d’eau, quatre Canadair et deux Dash, ont en outre été déployés, a déclaré dimanche M. Darmanin. Mais la préfecture a précisé que, « les Canadair n’ont pas pu larguer à cause de la violence du vent (plus de 80 km/h avec des rafales à 120 km/h dans les reliefs) ».
Dans le même temps, des forces ont été déployées pour faire face à neuf autres départs de feu, comme à Argelès-sur-Mer où dix hectares ont brûlé avant que le sinistre soit maîtrisé en fin d’après-midi.
A Cerbère, les flammes se sont rapprochées des habitations de cette commune du littoral méditerranéen frontalière de l’Espagne, « jusque dans les jardins des propriétés », d’après M. Darmanin. Mais les 300 personnes qui avaient été évacuées dans l’après-midi dans l’ensemble de la zone touchée ont toutefois pu, « pour la plupart, regagner leur domicile » dimanche dans la soirée, comme annoncé par la préfecture, alors que la situation se stabilisait sur le terrain.
Sécheresse des sols
Il s’agit à ce jour du plus important incendie en France de l’année 2023, qui s’est déclenché dans un département particulièrement touché par l’absence de précipitations et la sécheresse des sols. « La reconstitution des stocks d’eau, cruciale en hiver, n’a (…) pas eu lieu et la situation des nappes continue de se détériorer », avait récemment évoqué la préfecture.
Dans un communiqué, elle précisait que « ce phénomène, qui a [commencé] en juin 2022, toujours en cours, est le plus long et le plus intense depuis le démarrage des suivis de l’humidité des sols par Météo-France, en 1959 ».
« On a l’habitude d’observer des feux de forêts en hiver », rappelle Romaric Cinotti, référent feux de forêt à Météo-France. « Mais ce qui est particulièrement inquiétant dans les Pyrénées-Orientales, c’est l’exceptionnel déficit de pluie : à cap Béar, la station la plus proche de l’incendie, il est tombé 230 mm sur l’année écoulée contre 626 mm en moyenne. »
La sécheresse dans les Pyrénées-Orientales, liée au réchauffement climatique, provoque déjà restrictions et tensions, quatre villages étant privés d’eau potable depuis vendredi alors que les agriculteurs craignent pour leur survie en ce début de printemps historiquement aride.
Les pompiers restaient mobilisés lundi pour s’assurer que l’incendie ne reprenne pas. « Nous devons à présent traiter l’ensemble des lisières qui constituent un périmètre de 15 kilomètres afin de passer le feu de fixé à éteint. Mais cela va nous prendre quelques jours », a précisé le colonel Eric Belgioïno, directeur des sapeurs-pompiers du département.
Contribuer
Réutiliser ce contenu