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Russie

Ukraine: Vladimir Poutine a employé le mot "guerre" pour la première fois depuis le début du conflit

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 20 décembre 2022.

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 20 décembre 2022. - Mikhail Metzel / SPUTNIK / AFP

Un revirement aussi soudain qu'illégal puisque qu'utiliser ce terme est considéré comme un crime en Russie depuis mars dernier. Une "information mensongère" qui peut être condamnée par 15 ans de prison.

Changement de ton ou erreur de langage? Le président russe Vladimir Poutine a employé le mot "guerre" pour décrire le conflit en Ukraine face à des journalistes le jeudi 22 décembre. Une première depuis le début de l'invasion russe en février dernier. Jusqu'alors, c'est le terme "opération militaire spéciale" qui prévalait au sein du Kremlin, ou encore "opération de dénazification".

Présenter l'invasion de l'Ukraine comme un conflit armé est considéré comme un crime en Russie depuis mars dernier, qui peut être puni de 15 ans de prison.

"Notre objectif n'est pas de continuer à entretenir de manière permanente un conflit militaire, mais au contraire, d'arrêter cette guerre", a déclaré jeudi Vladimir Poutine. "Nous l'avons fait et nous continuerons à le faire".

Un abus de langage?

Auprès de CNN, un responsable américain a appelé à ne pas surinterpréter l'emploi de ce terme. Cette source anonyme a indiqué à la chaîne américaine qu'il s'agirait vraisemblablement d'une erreur de langage. La réaction du Kremlin concernant cet événement sera néanmoins scrutée avec attention dans les prochains jours.

Maladresse ou pas, les opposants de Vladimir Poutine n'ont pas manqué de relever le terme, appelant la justice russe a engagé des poursuites contre le dirigeant russe, se basant sur la loi qu'il a lui-même signé.

Le 4 mars dernier, Vladimir Poutine avait entériné un texte législatif punissant d'une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans d'emprisonnement les auteurs "d'informations mensongères" sur l'armée. La loi prévoit ainsi que présenter "l'opération spéciale" en Ukraine comme une "guerre" ou une "invasion" constitue un crime.

La justice russe saisie par un opposant

Sur Twitter, Nikita Yuferev, un conseiller municipal de Saint-Pétersbourg qui a du fuir le pays pour ses positions antiguerre, a indiqué avoir saisi les autorités judiciaires russes pour qu'elles poursuivent Poutine.

"Vladimir Poutine a décrit la guerre comme une guerre. Mais aucun décret n'a été signé pour arrêter l'opération spéciale, et aucune guerre n'a été déclarée. Plusieurs milliers de personnes ont déjà été condamnées pour l'emploi de tel terme concernant la guerre", a-t-il rappelé sur Twitter.

Durant cette même prise de parole, Vladimir Poutine en a profité pour commenter la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky aux États-Unis, et plus précisément la promesse américaine de livraison du système de défense antiaérienne Patriot.

"Concernant le Patriot, c'est un système assez vieux. Il ne fonctionne pas comme notre (système) S-300. Mais nos opposants partent du principe que c'est une arme défensive. Très bien, on va garder ça à l'esprit. Et il existe toujours un antidote", a déclaré Vladimir Poutine.

Jules Fresard