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La France, 24ᵉ au classement mondial 2023 de la liberté de la presse

Le pays gagne deux places dans le dernier classement annuel de Reporters sans frontières qui s’inquiète de la désinformation au sens large, une menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 mai 2023 à 08h45, modifié le 03 mai 2023 à 11h43

Temps de Lecture 2 min.

Sans changement, dans le 21e classement annuel de la liberté de la presse dans le monde de Reporters sans frontières (RSF), le pays le mieux noté est la Norvège et le dernier la Corée du Nord. La France passe de la 26e à la 24e place. Ce « petit gain » s’explique « notamment parce que la situation se dégrade ailleurs », selon Christophe Deloire, secrétaire général de l’ONG. Ainsi, l’Allemagne (21e) perd cinq places en raison d’un « nombre record de violences et d’interpellations de journalistes ».

Globalement, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans sept pays sur dix. Propagande politique, manipulations économiques, faux contenus générés par l’intelligence artificielle : la désinformation au sens large est une menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde, s’alarme RSF.

Indice de liberté de la presse de la France

L'indice de la liberté de la presse est calculé chaque année par RSF selon un barème qui prend en compte divers aspects de la problématique (pluralisme, censure, mise en danger des journalistes, etc.). Plus il est bas, plus la presse est libre dans le pays.

La méthodologie de RSF a subi des changements importants en 2011-2012 puis en 2013, entraînant d'importantes variations de l'indice. Mais depuis 2013, la stabilité de la méthodologie permet de suivre l'évolution de l'indice de façon plus fiable.

Cette édition 2023 pointe en particulier les effets de la désinformation. Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l’élaboration du classement « signalent une implication des acteurs politiques » dans des « campagnes de désinformation massive ou de propagande », selon RSF. C’est le cas de la Russie, de l’Inde, de la Chine ou du Mali.

Plus largement, ce classement « met en lumière les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique ». « C’est l’industrie qui permet de produire la désinformation, de la distribuer ou de l’amplifier », explique Christophe Deloire.

« Productions manipulatoires à grande échelle »

C’est, selon lui, le cas des « dirigeants de plates-formes numériques qui se moquent de distribuer de la propagande ou de fausses informations », et dont « l’exemple type » est « le propriétaire de Twitter, Elon Musk ».

Autre phénomène, les faux contenus créés par l’intelligence artificielle (IA). « Midjourney, une IA qui génère des images en très haute définition, alimente les réseaux sociaux en faux de plus en plus vraisemblables », souligne RSF, citant de fausses photos de l’arrestation de Donald Trump « reprises de manière virale ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’IA bouscule et inquiète le monde de l’image

On assiste également à « des productions manipulatoires à grande échelle » par des sociétés spécialisées, pour le compte de gouvernements ou d’entreprises. En février, une vaste enquête du collectif de journalistes d’investigation Forbidden Stories avait ainsi révélé les activités d’une société israélienne baptisée « Team Jorge » et spécialisée dans la désinformation.

Toutes ces « capacités de manipulation inédites sont utilisées pour fragiliser celles et ceux qui incarnent le journalisme de qualité, en même temps qu’elles affaiblissent le journalisme lui-même », prévient RSF. « L’information fiable est noyée sous un déluge de désinformation », juge M. Deloire, selon qui « on perçoit de moins en moins les différences entre le réel et l’artificiel, le vrai et le faux ». « L’un des enjeux majeurs, c’est de remettre des principes démocratiques dans ce gigantesque marché de l’attention et des contenus », estime-t-il.

Remontée du Brésil

Au classement, les baisses les plus importantes s’observent au Pérou (110e, – 33 places), au Sénégal (104e, – 31 places), en Haïti (99e, – 29 places) ou en Tunisie (121e, – 27 places).

A l’inverse, le Brésil (92e) remonte de dix-huit places après le départ de l’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, battu par Lula aux élections à la fin d’octobre. « Le Brésil avait beaucoup chuté avec Bolsonaro, qui était violent à l’encontre des journalistes », mais « il n’y a pas de caractère inéluctable au déclin de la liberté de la presse », note M. Deloire.

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Au classement régional, « la région Maghreb − Moyen-Orient reste la plus dangereuse pour les journalistes » et l’Europe celle « où les conditions d’exercice du journalisme sont les plus faciles ». Le classement mondial de la liberté de la presse est réalisé par RSF sur la base « d’un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes » d’une part, et « d’une étude qualitative » de l’autre. Cette dernière se fonde « sur les réponses de centaines d’experts de la liberté de la presse (journalistes, universitaires, défenseurs des droits humains) à une centaine de questions ».

La liberté de la presse menacée en Grèce

Pour la deuxième année, la Grèce est dernière de l’Union européenne (UE) dans le classement 2023 de Reporters sans frontières (RSF). A la 107e place sur 180, le pays se situe derrière la Hongrie en raison de « la surveillance des journalistes grecs par le logiciel espion Predator et par les services secrets, qui constitue l’atteinte la plus grave à la liberté de la presse dans l’UE ». Les poursuites judiciaires contre des journalistes sont courantes, la presse est « politiquement très polarisée » et le meurtre du journaliste d’investigation Giorgos Karaïvaz n’a toujours pas été résolu depuis 2021, note aussi RSF. A quelques semaines des élections législatives, le 28 avril, la police grecque a procédé à l’arrestation de deux suspects. « Un progrès », selon RSF, qui appelle cependant « les autorités à appréhender tous les responsables du crime dont le commanditaire ».

Le Monde avec AFP

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