Le jeudi 30 novembre, la Cour suprême de Russie a reconnu comme “organisation extrémiste” et a interdit le “mouvement international LGBT” sur le territoire russe, rapporte le site du quotidien RBK. L’audience s’est tenue à Moscou, à huis clos car l’affaire était classée “secrète”, et sans défenseur, aucune organisation rangée sous l’intitulé “mouvement international LGBT” n’existant en tant que telle en Russie. Les journalistes n’ont été admis qu’à l’annonce du verdict, qui précisait que la décision de justice entrait en vigueur immédiatement.

La plainte déposée par le ministère de la Justice le 17 novembre stipulait que “différents signes et manifestations d’extrémisme, notamment l’incitation à la discorde sociale et religieuse”, avaient été relevés dans les activités du mouvement LGBTQI sur le territoire russe et tombaient sous le coup de la loi sur la lutte contre les activités à caractère extrémiste.

L’“extrémisme” peut être puni de douze ans de prison

En vertu des lois russes, une condamnation pour activité extrémiste peut entraîner une peine allant jusqu’à douze années de prison et une amende pouvant atteindre 800 000 roubles (8 000 euros). Comme le rappelle le quotidien Novyé Izvestia, à l’époque soviétique l’homosexualité était punie d’une peine, “deux fois plus légère qu’aujourd’hui”, de cinq ans de privation de liberté. Cette nouvelle loi entraînera “immanquablement une nouvelle vague d’émigration”, estime les experts interrogés par le titre.

Une première loi adoptée en 2013 avait déjà interdit la “propagande” LGBTQI auprès des mineurs. En octobre 2022, les députés russes avaient étendu l’interdiction à l’ensemble de la population. En juin 2023, la Douma a adopté un texte interdisant le changement de sexe chez les mineurs.

Pour les activistes russes interrogés par le site d’opposition en exil Meduza, le bannissement du “mouvement LGBT” aura pour conséquence une “augmentation de la haine à l’égard de la communauté”. Il pourrait également entraîner la “persécution des personnes LGBT pour le simple fait de leur existence”.

Le quotidien Kommersant se fait le relais d’un sondage selon lequel le pourcentage de citoyens russes se prononçant en faveur d’une “réduction des droits des personnes LGBT” n’a cessé d’augmenter depuis 2013, date de la première loi contre la “propagande” auprès des mineurs. Ils n’étaient que 19 % cette année-là, puis 42 % en 2021, et sont désormais 62 %. Selon les défenseurs des droits humains, rapporte le titre, “ce sont les lois adoptées par la direction du pays qui influent ainsi sur l’opinion publique”.