Retraites, justice, travail, « mieux vivre »… Ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Emmanuel Macron

Dans une allocution très attendue ce lundi soir, Emmanuel Macron s’est donné « 100 jours » pour lancer un plan d’« apaisement » et « d’action » d’ici le 14 juillet, après la « colère » suscitée par la réforme des retraites.

    « La réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme. » Trois jours après la promulgation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français ce lundi à 20 heures, à la télévision. L’objectif : tenter de relancer son second quinquennat, sur fond de crise politique et sociale persistante.

    Depuis l’Élysée, où il a passé l’essentiel de son temps dans une posture de retrait pendant ces trois mois de conflit, le chef de l’État s’est exprimé pendant treize minutes. « Les évolutions de cette loi entreront en vigueur à partir de cet automne », a-t-il d’emblée rappelé, insistant sur la nécessité de son projet phare. « Alors que le nombre de retraités augmente, la réponse ne pouvait pas être d’augmenter les pensions (….), elle ne pouvait pas être de ne rien faire », a-t-il plaidé.



    Assis à son bureau devant une fenêtre donnant sur les jardins, il a aussi assuré entendre la « colère » des Français. « Personne ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique », a-t-il affirmé. Au moment même de cette allocution solennelle et sans contradicteurs, des concerts de casseroles ont été organisés devant de nombreuses mairies et préfectures, rassemblant plusieurs milliers de personnes.

    Un « nouveau pacte de la vie au travail »

    Mais le président de la République, déterminé à reprendre l’initiative depuis que sa loi a été globalement validée vendredi par le Conseil constitutionnel, a surtout dressé sa « feuille de route » pour la suite, que sa Première ministre devra détailler « dès la semaine prochaine ». « Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France », a clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous « le 14 juillet prochain » pour « faire un premier bilan ».

    Pendant cette période, il a fixé trois chantiers, à commencer par « le travail », a-t-il insisté, indiquant qu’« 1,7 million d’emplois » avaient été créés en six ans. « Je veux engager la réforme du lycée professionnel, pour que le plus grand nombre de nos jeunes accèdent à des formations qualifiantes », a-t-il assuré.

    Emmanuel Macron a aussi dit sa volonté de bâtir un « nouveau pacte de la vie au travail », qui sera « construit dans les semaines et les mois qui viennent par le dialogue social » entre organisations syndicales et patronales. Les négociations porteront sur la nécessité « d’améliorer les revenus » salariés, « faire progresser les carrières », « mieux partager les richesses », « améliorer les conditions de travail », « trouver des solutions à l’usure professionnelle » ou encore « aider à la reconversion », a-t-il ajouté, affirmant que « la porte serait toujours ouverte aux syndicats » pour négocier. Ceux-ci ont cependant refusé de se rendre à une invitation fixée dès mardi par l’Élysée.

    En justice, des annonces fortes « dès mai »

    Deuxième chantier : la justice et l’ordre républicain. « « L’État de droit est notre socle et il n’y a pas de liberté sans droit, ni sans sanction envers ceux qui transgressent le droit des autres », a déclaré le chef de l’État. « Dans ce but, nous continuerons à recruter plus de 10 000 magistrats, à lutter contre toutes les fraudes sociales ou fiscales », a poursuivi le président, qui prévoit « des annonces fortes » dès le mois de mai pour « lutter contre toutes les formes de délinquance et toutes les fraudes ».

    « Nous renforcerons aussi le contrôle de l’immigration illégale tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays », a-t-il continué.

    Avant son intervention télévisée, le président avait abordé ces thèmes devant ses troupes à l’Élysée : « Si on ne fait pas immigration et travail (avant le 14 juillet), ça veut dire qu’on ne le fera pas », avait-il déclaré.

    « Progrès pour mieux vivre »

    Le troisième chantier, enfin, sera celui « du progrès pour mieux vivre ». « Je veux que chacun d’entre vous retrouve la certitude que nos enfants pourront bâtir une vie meilleure. Et ce sont nos services publics qui devront porter cette espérance, de la petite enfance au grand âge », a-t-il indiqué. « L’éducation nationale doit renouer avec son ambition d’être parmi les meilleures d’Europe. »

    Le système de santé sera aussi « profondément rebâti », a rappelé le chef de l’État. « D’ici la fin de l’année 600 000 patients atteints de maladie chronique qui n’ont pas de médecin traitant en disposeront. D’ici la fin de l’année prochaine, nous devrons avoir désengorgé nos services d’urgence. »



    Dès les prochains jours, le président devrait ressortir de l’Élysée pour « échanger avec les Français », selon son entourage. Un ou deux déplacements sont prévus en province dès mercredi ou jeudi pour parler notamment d’éducation. Hormis au Salon de l’agriculture fin février, le chef de l’État s’est tenu à l’écart des bains de foule depuis le début de l’année. Pourra-t-il renouer ce contact, alors que ses derniers déplacements ont été chahutés par des manifestants ?