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Terres rares : la Suède découvre le «plus grand gisement connu» d’Europe

Un groupe minier suédois annonce ce jeudi avoir découvert un gisement de plus d’un million de tonnes de terres rares, indispensables pour la transition énergétique. L’exploitation de la mine ne devrait pas commencer avant dix ou quinze ans.
par LIBERATION et AFP
publié le 12 janvier 2023 à 15h03

«Le plus grand gisement connu» de terres rares d’Europe. Le groupe minier suédois LKAB annonce ce jeudi avoir identifié dans la région de Kiruna, dans le Grand Nord de la Suède, un gisement qui recèlerait plus d’un million de tonnes de métaux. «Il s’agit du plus grand gisement connu d’éléments de terres rares dans notre partie du monde, et il pourrait devenir un élément de base important pour la production des matières premières critiques absolument cruciales pour la transition verte», a souligné le PDG du groupe public, Jan Moström, dans un communiqué.

«C’est une bonne nouvelle, non seulement pour LKAB, la région et le peuple suédois, mais aussi pour l’Europe et le climat», s’est félicité le groupe. L’ampleur exacte du filon reste à déterminer mais, selon les estimations actuelles, il représenterait moins de 1 % des réserves mondiales, chiffrées jusqu’à présent à 120 millions de tonnes par l’US Geological Survey.

Dépendance vis-à-vis de la Chine et de la Russie

Les éléments de terres rares ne sont actuellement pas exploités en Europe, laissant le continent dépendre des importations d’ailleurs, alors que la demande devrait augmenter dans les années à venir en raison d’une montée en puissance des véhicules électriques et des énergies renouvelables. Plus précisément, l’UE aura besoin de 26 fois plus de terres rares qu’aujourd’hui pour remplacer les hydrocarbures et atteindre la neutralité carbone en 2050, a calculé l’université KU Leuven.

«Nous sommes confrontés à un problème de fourniture. Sans mines, il ne peut pas y avoir de véhicules électriques», a ainsi fait valoir Jan Moström. «L’électrification, l’autosuffisance de l’UE et son indépendance vis-à-vis de la Russie et de la Chine commenceront dans la mine», affirme de son côté Ebba Busch, la vice-Première ministre et ministre de l’Economie et de l’Energie suédoise, qui souligne l’importance pour l’UE de «diversifier» l’origine de ses importations à court terme. «Mais à long terme, nous ne pouvons pas dépendre exclusivement d’accords commerciaux.»

«Rien que nos besoins en terres rares vont être multipliés par cinq d’ici 2030», déclarait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans son discours sur l’état de l’Union en septembre dernier. «Nous devons éviter de nous retrouver à nouveau dans une situation de dépendance, comme pour le pétrole et le gaz», avait-elle mis en garde, annonçant pour l’occasion l’élaboration, toujours en cours, d’un règlement européen sur les matières premières critiques.

«Je suis confiant que cela aura un impact considérable» pour réduire la dépendance à la Chine, a expliqué Jan Moström, estimant que le gisement de Kiruna permettrait de fabriquer «une part significative» des aimants employés dans les moteurs des voitures électriques produits en Europe à l’horizon 2035. Outre les aimants permanents des éoliennes et des voitures électriques, certains de ces métaux rares entrent dans la composition des écrans de télévision, des drones ou encore des disques durs.

Premier coup de pioche d’ici dix ou quinze ans

Alors que Bruxelles a acté l’an dernier la fin des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035, la Commission européenne considère les terres rares comme l’une des ressources les plus critiques pour la région. En effet, 98 % des terres rares utilisées dans l’UE sont importées de Chine, qui dispose donc d’un quasi-monopole dans le secteur. Malgré tout, la route vers la mise sur le marché de ces terres rares reste longue. Si LKAB prévoit de soumettre une demande de concession d’exploitation en 2023, «nous prévoyons qu’il faudra plusieurs années pour étudier le gisement et les conditions d’une exploitation rentable et durable», indique Jan Moström.

Interrogé lors d’une conférence de presse sur la date attendue des premiers coups de pioche, il a répondu que cela dépendrait largement de la vitesse d’obtention des permis d’exploitation, en précisant que l’expérience montrait que cela prendrait probablement «entre dix et quinze ans». Cette annonce a été faite à l’occasion d’une visite d’une délégation de la Commission européenne en Suède, qui occupe la présidente tournante de l’UE depuis le début de l’année. La Suède disposait déjà d’un gisement significatif, mais plus petit, à Norra Kärr dans le sud du pays. Celui-ci est pour l’heure inexploité. En Europe, aucune mine de terres rares n’existe d’ailleurs actuellement.

Mise à jour à 16 h 20 : avec les déclarations d’Ursula von der Leyen et des précisions sur l’utilisation des terres rares.

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