Cancer du poumon : un traitement réduit de moitié le risque de décès de la forme la plus répandue

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Cancer du poumon : un traitement réduit de moitié le risque de décès de la forme la plus répandue

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Radio d'une tumeur au poumon (photo d'illustration)
Radio d'une tumeur au poumon (photo d'illustration)
© AFP - CAVALLINI JAMES / BSIP

C'est une avancée médicale majeure : selon les résultats d’un essai clinique de 5 ans présenté au Congrès mondial de cancérologie, à Chicago, un médicament développé par le groupe pharmaceutique AstraZeneca permet de réduire de moitié le risque de décès pour le cancer du poumon le plus répandu.

C’est un espoir pour des millions de patients atteints du cancer du poumon. "C’est une révolution thérapeutique", estime même le docteur David Planchard, oncologue thoracique à la Fondation Gustave Roussy. "Cela fait des années qu’on ne voyait aucune évolution sur ce cancer. Là, c’est un grand pas de franchi." Comment fonctionne ce traitement ?  Il concerne les patients qui ont d’abord subi une opération chirurgicale pour enlever la tumeur. Et pour éviter que la maladie ne récidive, ils ont reçu ,en plus d’une chimiothérapie, un simple comprimé. Son nom : l'osimertinib (commercialisé sous le nom de Tagrisso).

Ce traitement, développé par le groupe pharmaceutique AstraZeneca (et présenté lors de l'ASCO Annual Meeting, le congrés mondial de cancérologie organisé par la société américaine d'oncologie), vise un type particulier de cancer du poumon, dit "non à petites cellules", la forme la plus commune, et présentant un type particulier de mutation sur les cellules cancéreuses. Ces altérations (sur ce qui est appelé le récepteur du facteur de croissance épidermique, ou récepteur de l'EGF) concernent 10% à 25% des patients atteints d'un cancer du poumon aux États-Unis et en Europe, et 30 à 40% en Asie.

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Un essai clinique mené pendant cinq ans dans 20 pays

Au cours de cet essai randomisé, la moitié des patients a pris le traitement quotidiennement pendant trois ans, pendant que l’autre groupe recevait un placebo. Les résultats, accueillis sous un tonnerre d’applaudissements par plusieurs milliers d’oncologues dimanche soir au congrès mondial de cancérologie à Chicago, ont montré que les patients qui avaient pris ce médicament ont vu leur risque de décès réduit de moitié.

Si on regarde précisément les chiffres, la prise du comprimé a entraîné une réduction de 51% du risque de décès pour les patients traités, comparé au placebo. "Pour la première fois, on montre qu’une thérapie ciblée chez des patients opérés d’un cancer du poumon augmente la survie, c’est extrêmement encourageant", s’enthousiasme le spécialiste David Planchard.

"Ces données vont considérablement changer la prise en charge des patients", assure Auriane Cano-Chancel, vice-présidente pour les activités oncologiques chez AstraZeneca France. "En effet, plus de la moitié des patients atteints d’un cancer du poumon présentent une altération moléculaire. Si on les dépiste plus tôt, on pourra bientôt leur administrer des thérapies ciblées très efficaces pour les guérir", poursuit le chef du service d’oncologie thoracique de la Fondation Gustave Roussy.

Vers une commercialisation de ce médicament ?

L'osimertinib est déjà autorisé dans des dizaines de pays. Son autorisation aux États-Unis en 2020 pour l'indication concernée ici s'appuyait sur de précédentes données, ayant montré une amélioration de la survie des patients sans maladie, c'est-à-dire le temps vécu sans récidive du cancer.

Mais tous les médecins n'ont pas encore adopté le traitement, ils attendaient les données concernant la survie globale. Avec les résultats de cette étude, la donne va peut-être changer rapidement. À noter que ce médicament entraîne assez peu d’effets secondaires chez les patients : de la fatigue, des rougeurs cutanées ou des diarrhées.

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