La mobilisation des syndicats étudiants contre l’ajout, en médecine générale, d’une quatrième année d’internat dans les déserts médicaux se poursuit. Mercredi 2 novembre 2022, l’Anemf, l’Association nationale des étudiants en médecine de France, qui représente les externes, a appelé à faire grève tous les jeudis et tous les vendredis à compter du 3 novembre. Le mouvement doit durer jusqu’au jeudi 17 novembre, jour d’une nouvelle manifestation contre le projet du gouvernement.

La réforme, qui doit entrer en vigueur dès la rentrée prochaine, porterait à dix ans la durée totale des études pour devenir généraliste. L’article 23 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), très controversé auprès des étudiants, prévoit notamment d’inciter les internes à effectuer un stage en ambulatoire dans un territoire en tension. La semaine dernière, en actionnant le 49-3 afin d’adopter le PLFSS, Élisabeth Borne a propulsé ledit article au Sénat. Et renforcé la colère des carabins.

«On ressent beaucoup de colère, on se battra jusqu’au bout»

«On ressent beaucoup de colère. Il y a encore la navette parlementaire, donc le combat continue et on se battra jusqu’au bout», confie Raphaël Presneau, président de l’Isnar-Img, qui représente environ 10.000 internes en médecine générale. Si l’intersyndicale compte descendre dans la rue le 17 novembre, sa participation aux grèves sera décidée au plus tard vendredi soir. Même son de cloche à l’Isni, l’Intersyndicale nationale des internes.

Ce n’est pas la première fois que les étudiants du troisième cycle se mobilisent contre cette réforme. Depuis le 10 octobre, un préavis de grève illimité est déposé. Ainsi, le 14 du même mois, ils étaient plusieurs milliers à manifester. La semaine dernière, en réaction au 49-3, une grève était décidée du jeudi 27 octobre au mardi matin 1er novembre. Le mouvement aurait été suivi par 30% des internes en médecine générale, revendique l’Isnar-Img. «Des services ont tourné au ralenti et nous avons constaté des assignations abusives d’internes, assure Raphaël Presneau. Certains ont déposé des recours en référé-liberté. Il y a des procédures à Rennes, Lille ou encore Angers.»

Des inquiétudes sur les conditions d’accueil

Concrètement, les étudiants sont contre le projet de loi en tant que tel. Et plus précisément contre les «mesures coercitives» qui entraveraient leur liberté d’installation, explique Raphaël Presneau. «On va envoyer des internes dans des territoires qu’ils n’ont pas choisis, alors qu’ils ont déjà des projets de vie et, pour certains, des familles», déplore de son côté Yaël Thomas, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). De même, l’obligation d’effectuer ce stage entièrement à l’hôpital avive la colère.

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L’inquiétude réside aussi dans l’accompagnement universitaire. Car chaque interne placé devra être accompagné d’un maître de stage dans des zones précisément sous-dotées de médecins. «Le projet du gouvernement n’est pas cadré. Nous n’avons aucune garantie sur les conditions d’accueil ou de rémunération», déplore Raphaël Presneau. Et si la réforme ne concerne que les étudiants qui commenceront leur internat en 2023, Yaël Thomas, de l’Anemf, ne voit pas «comment il sera possible de recruter autant de professionnels d’ici leur quatrième année».

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