Migrants : ce que prévoit le plan d’urgence présenté par Ursula von der Leyen à Lampedusa

La présidente de la Commission européenne a donné les grandes lignes d’un plan d’urgence pour aider l’Italie à gérer l’arrivée record de migrants sur son territoire, dimanche depuis sur l’île de Lampedusa.

    Comment réagir face à l’afflux record de migrants auquel est confronté l’Italie, et notamment la petite île de Lampedusa des derniers jours, au point de déclarer l’état d’urgence ? La Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui s’est rendue sur place ce dimanche avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, avait prévenu vendredi, appelant l’Europe à l’aide : la pression migratoire subie par son pays depuis le début de l’année est « insoutenable ».

    Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni lors de leur conférence de presse à Lampedusa, ce dimanche. Photo by Handout / ANSA / AFP
    Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni lors de leur conférence de presse à Lampedusa, ce dimanche. Photo by Handout / ANSA / AFP ANSA

    Dimanche, après avoir visité le centre d’accueil pour migrants de la petite île, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a détaillé un plan d’aide en 10 points. Objectif : gérer la situation présente, mieux répartir les demandeurs entre les pays européens, et aussi à prévenir la répétition d’épisodes d’arrivées massives qui mettent sous forte tension les capacités logistiques et administratives de la péninsule.

    Il est censé conjuguer fermeté à l’encontre des passeurs et facilitation des voies légales d’entrée dans l’espace européen pour les candidats éligibles à l’asile.

    Assistance renforcée à l’Italie, surveillance des mers

    Bruxelles entend d’abord renforcer l’assistance à l’Italie de l’Agence de l’Union européenne pour l’asile et l’agence de garde-côtes et de gardes-frontières de l’UE, Frontex, afin d’assurer l’enregistrement des migrants, la prise d’empreintes, les entretiens, etc. Frontex, et d’autres agences, devront aussi intensifier la surveillance des mers et « étudier les options pour étendre ses missions navales en Méditerranée ».

    L’UE préconise aussi de prendre des mesures pour limiter l’utilisation de navires qui ne sont pas en état de naviguer, et d’agir contre les chaînes d’approvisionnement et la logistique des passeurs.

    Transfert vers d’autres pays européens

    La commission veut faciliter le transfert des personnes arrivées à Lampedusa - qui sont généralement conduites par bateaux en Sicile ou sur le continent - y compris vers d’autres pays européens. « L’immigration irrégulière est un défi européen qui a besoin d’une réponse européenne », a insisté Ursula von der Leyen lors d’un point presse à Lampedusa.



    « Nous exhortons les autres États membres à utiliser le mécanisme de solidarité volontaire », a-t-elle dit, sans mentionner l’Allemagne qui a récemment décidé de ne plus recevoir de migrants arrivés en Italie. Il s’agit d’utiliser le mécanisme de solidarité volontaire, en accordant une attention particulière aux mineurs non accompagnés et aux femmes.

    Augmenter le nombre de retours

    Le plan prévoit également d’améliorer le dialogue avec les principaux pays d’émigration sur cette route en vue de la réadmission de leurs citoyens qui ne rempliraient pas les conditions d’asile, en particulier la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso. Accords également avec les pays d’origine et de transit pour freiner le nombre de départs, notamment la Tunisie d’où s’embarquent l’immense majorité des personnes arrivées à Lampedusa.

    Aide financière aux pays

    Soutenir la prévention des départs en établissant des partenariats opérationnels en matière de lutte contre les filières (de l’immigration illégale) avec les pays d’origine et de transit. Par exemple, l’UE a signé en juillet un partenariat avec la Tunisie destiné à faire baisser les arrivées de migrants sur les côtes italiennes en échange d’une aide financière.

    La présidente de la Commission européenne a estimé dimanche que l’UE devait accélérer le versement de cette aide à Tunis. Giorgia Meloni a évoqué l’hypothèse d’une aide européenne pour aider le pays à boucler son budget alors même que le Fonds monétaire international conditionne l’octroi d’un crédit de 1,9 milliard de dollars à l’adoption de réformes que rejette le président Kais Saied.

    VIDÉO. 000 migrants sur l’île de Lampedusa, l’état d’urgence décrété

    Travail de dissuasion

    Enfin la commission souhaite « accroître les campagnes de sensibilisation et de communication pour dissuader les traversées de la Méditerranée » tout en « continuant à travailler pour offrir des alternatives comme l’admission humanitaire et les voies légales » d’immigration.