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Guerre en Ukraine : 4 éléments qui montrent que la Russie est en train de s'enliser

Selon le chancelier allemand, Olaf Scholz, l'offensive russe « s'enlise » en Ukraine. Voici 4 éléments qui accréditent cette thèse.

Michaël Bloch , Mis à jour le
Un entrepôt touché par un missile russe, dans la banlieue de Kiev.
Un entrepôt touché par un missile russe, dans la banlieue de Kiev. © AFP

Un mois après le début de l'invasion russe en Ukraine , la Russie n'a atteint pratiquement aucun de ses objectifs militaires. Kiev n'est pas tombée et la ville de Kherson (au sud de l'Ukraine) reste la seule ville majeure conquise entièrement par les forces russes. Marioupol (au sud de l'Ukraine) résiste malgré un siège, des bombardements incessants, le manque d'eau et de nourriture. L'occupation de l'ensemble de l'Ukraine paraît hors d'atteinte pour la Russie. L'offensive russe en Ukraine « s'enlise malgré toutes les destructions qu'elle provoque jour après jour », a estimé mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz. Voici 4 choses qui le montrent.

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1 - Des problèmes logistiques récurrents 

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Depuis le début de l'offensive russe, la Russie fait face à des problèmes logistiques récurrents : manque d'essence et de nourriture, entretien défaillant du matériel militaire, véhicules abandonnées, utilisation des téléphones portables sur des lignes non-sécurisées, si bien que les forces ukrainiennes et des journalistes ont pu intercepter les communications entre les soldats russes. 

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Les Russes « connaissent des problèmes de logistique, de ravitaillement, de coordination, de commandement et de communication », a confirmé en début de semaine le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Le New York Times, citant le Pentagone, évoque même le cas de soldats russes qui ont dû être évacués en raison de gelures. 

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« Les forces russes se retrouvent aujourd’hui aux prises de ses défaillances logistiques, de sa désorganisation au sol mais aussi au niveau de son commandement. On voit finalement les effets d’une campagne qui a été brouillonne. Les Russes se sont eux-mêmes neutralisés en s’engageant très maladroitement dans cette invasion. », résume sur RFI  Vincent Tourret, chargé de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique.

2 - Des milliers de morts côté russe

Si le nombre précis des morts est difficile à obtenir, l'Otan estime qu'entre 7 000 et 15 000 soldats russes ont été tués en Ukraine. En comparaison, la Russie a perdu 15 000 soldats durant les 10 ans de la guerre d'Afghanistan (1979-1989). 

Le Pentagone a ainsi avancé mardi soir que, « pour la première fois », les Russes étaient passés « un peu en dessous de 90% de leur puissance de combat disponible » avant la guerre (150 000 soldats). Or, la perte de 10% d'effectifs militaires d'une armée (morts ou blessés) entrave fortement sa capacité à combattre, rappelle le New York Times .

3 - L'appel aux conscrits, aux mercenaires et aux réservistes

Pour pallier ces pertes, Moscou a fini par reconnaître la présence de conscrits en Ukraine et admis qu'un certain nombre d'entre eux avaient été faits prisonniers, après avoir affirmé que seuls des soldats de métier combattaient en Ukraine. Selon le ministère de la Défense britannique, qui publie chaque jour une analyse de la situation militaire en Ukraine, « il est probable que la Russie cherche maintenant à mobiliser ses réservistes et ses conscrits, ainsi que des sociétés militaires privées et des mercenaires étrangers, pour remplacer ces pertes considérables. » Un responsable occidental a aussi indiqué que Moscou mobilisait des réservistes, mais que ceux-ci seraient probablement mal équipés et moins aguerris que les militaires professionnels.

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La semaine dernière, le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a assuré qu'un « millier » de volontaires tchétchènes étaient en route pour aller combattre en Ukraine. Mais cette information n'avait pu être confirmée. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a également évoqué « 16 000 candidatures » de combattants en provenance du Moyen-Orient. 

4 - Des contre-attaques des forces ukrainiennes dans les environs de Kiev

Selon l'administration américaine, l'offensive de l'armée russe piétine dans les environs de la capitale du pays. Les forces ukrainiennes arrivent même à lancer des contre-attaques : « Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l'est et au nord-est de Kiev », assure un haut responsable du Pentagone.

Sur Twitter, le ministère de la défense britannique évoque aussi ces contre-offensives autour de la capitale : « Les forces ukrainiennes mènent avec succès des contre-attaques contre les positions russes dans les villes situées à la périphérie de la capitale, et ont probablement repris Makariv (à 70 km à l'ouest de la capitale) et Moschun (à 30 km au nord de Kiev). Il existe une possibilité réaliste que les forces ukrainiennes soient maintenant en mesure d'encercler les unités russes à Boutcha et Irpin (deux villes situées à 30 km au nord-ouest de Kiev). Il est probable que la réussite des contre-attaques ukrainiennes perturbera la capacité des forces russes à se réorganiser et à reprendre leur propre offensive vers Kiev. » 

Les forces ukrainiennes mènent « des contre-attaques efficaces et limitées pour soulager la pression sur Kiev » quoique de moindre ampleur que ce qu'affirment des responsables ukrainiens, estime, pour sa part, l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui publie également une analyse quotidienne.

Et maintenant ?

Face à l'échec du plan initial, que va faire la Russie ? Un haut responsable de la Défense britannique a souligné que la Russie poursuivait « maintenant une stratégie d'usure ». « Cela impliquera le recours irresponsable et indiscriminé à la puissance de feu » et « résultera en davantage de pertes civiles, la destruction des infrastructures ukrainiennes et intensifiera la crise humanitaire ». Selon ce responsable, le président russe Vladimir Poutine a fortement renforcé le contrôle des médias dans son pays afin de cacher les problèmes opérationnels et les pertes importantes subies par les forces russes.

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Une attaque à l'arme chimique est-elle possible? C'est « une menace crédible », a prévenu mercredi Joe Biden. Quant à une attaque nucléaire ? « Au niveau vertical, il y a un vrai risque. Ils ont désespérément besoin de remporter des victoires militaires pour les transformer en levier politique », explique à l'AFP Mathieu Boulègue, du centre de réflexion britannique Chatham House. « L'arme chimique ne changerait pas la face de la guerre. Une arme tactique nucléaire qui raserait une ville ukrainienne, oui. C'est improbable mais pas impossible. Et là ce serait 70 ans de théorie de dissuasion nucléaire qui s'effondrent ». Si l'hypothèse d'une attaque nucléaire tactique ne peut pas être totalement écartée, le pas reste immense et changerait la face du monde et du 21e siècle.

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