Gratuité, coupures d'électricité et baisses de production… La CGT Énergie veut frapper fort contre la réforme des retraites

Publié le 24 janvier 2023 à 18h54

Source : TF1 Info

La CGT Mines-Énergie a annoncé vouloir mener de nouveaux "temps forts" pour protester contre la réforme des retraites.
Elle prévoit des opérations de gratuité ou des coupures de courant dans les prochains jours.
Des actions pour "ancrer la grève reconductible" dans les entreprises.

Le syndicat veut "monter en puissance" avant la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le 31 janvier prochain. La CGT Mines-Énergie a annoncé, lundi 23 janvier, commencer à s'organiser pour de nouveaux "temps forts" contre le projet du gouvernement, qui prévoit notamment de décaler l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Des actions qu'elle mènera les 26 et 27 janvier puis les 5, 6 et 7 février prochains.

"L'idée, c'est d'ancrer la grève reconductible dans nos entreprises, de mobiliser, d'élargir et d'intensifier le rapport de force pour construire un 31 janvier encore plus fort que le 19", affirme à TF1info Fabrice Cadour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT. Pour frapper les esprits, l'organisation réfléchit à plusieurs "initiatives" et particulièrement des "actions positives"  qui seront votées dans les fédérations locales dans les jours à venir. Parmi elles, des opérations de "gratuité", déjà menées à Marseille, en éliminant, par exemple, "le comptage d'énergie pour certains bâtiments, gros consommateurs, comme les hôpitaux, les crèches ou les écoles", explique le syndicaliste.

"On essaie d'avoir des initiatives risquées"

Autres actions envisagées : basculer certains clients sur des tarifs réduits ou allonger ces plages de tarifs réduits - notamment pour les boulangers particulièrement touchés par la flambée des prix de l'énergie - mais aussi rétablir le courant pour les personnes victimes de coupures en pleine trêve hivernale. "Il y a des fournisseurs peu scrupuleux qui diligentent des coupures maquillées contre des clients en situation d'impayé, sauf que c'est illégal en période de trêve hivernale et eux maquillent ces situations en transformant ça en résiliation de contrat, obligeant les agents d'Enedis et GRDF à aller couper l'électricité. Nous, durant cette grève, on va essayer de rétablir l'électricité ou le gaz pour un maximum de ces usagers-là, qui se retrouvent dans le froid", précise Fabrice Cadour.

Localement, la CGT Mines-Énergies envisage des réductions de production avec des producteurs d'électricité, de gaz ou de chauffage urbain, qui décident d'arrêter de travailler. "Attention, notre cible ce ne sont pas les usagers. Quand on fait ça, on met la pression sur le gouvernement, on ne se trompe pas", assure le syndicaliste en pleine crise de l'énergie. À côté de ces actions, des coupures ciblées pourraient de nouveau avoir lieu dans les prochains jours, après celles qui ont touché la semaine dernière une députée Renaissance du Lot, le centre-ville de Montpellier, et les villes de Massy (Essonne) et Chaumont (Haute-Marne). Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a aussi évoqué dimanche la possibilité de couper le courant à des milliardaires, comme Vincent Bolloré.

Le but de fédération est de rassembler le maximum de personnes contre la réforme des retraites pour le 31 janvier et de montrer que les syndicalistes se battent "pour l'intérêt de tout le monde". "On essaie d'avoir des initiatives risquées, particulièrement pour les salariés, mais qui montrent à la population que c'est une bataille commune et collective et qu'on se bat pour l'intérêt général", assure le secrétaire général de la FNME-CGT, affirmant qu'il répond là à une demande "des travailleurs, des grévistes, et même des citoyens puisqu'un Français sur deux est favorable à des actions un peu plus fortes et que près de 7 sur 10 est défavorable à cette réforme. Nous, nous ne sommes que le cri de colère". 

"On verra s'ils portent plainte parce qu'on a fait de la gratuité pour un hôpital"
Fabrice Cadour, secrétaire général de la FNME-CGT

Des initiatives qui sont toutefois illégales et vivement critiquées par le gouvernement. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a estimé mardi matin sur Europe 1 que "ce n'est pas la CGT qui décide en France" et qu'elle ne fait "pas la loi". Il a dénoncé des coupures et des opérations de gratuité "inacceptables" tandis que la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a encouragé sur RMC les personnes concernées par les coupures à porter plainte. "C'est de l'intimidation, et ce n'est pas légal", a-t-elle rappelé en mettant en garde contre le risque de "casser" certaines installations industrielles si l'électricité est arrêtée.

"Eux, ils sont dans l'inaction face aux factures énergétiques, ils sont dans l'inaction face aux coupures malgré la trêve hivernale des usagers, quand on fera de la gratuité, on verra s'ils porteront plainte parce qu'on a fait de la gratuité à un hôpital et on verra ce que la population répondra à ça", rétorque Fabrice Cadour. "Je pense que ceux qui nous attaquent les premiers, c'est le gouvernement et maintenant, ils s'offusquent parce qu'on répond de manière un peu plus virulente. Et bien nous, on s'indigne, et on répond". 

Et le secrétaire général de la CGT Mines-Énergie d'assurer : "Comme on attend que le gouvernement réagisse, mais qu'il paraît plutôt obtus dans ses positions, nous, on se prépare à durer puisque de toute façon, on ira jusqu'au retrait. Le 31 dans la rue, les 26 et 27 dans nos entreprises et sur notre outil, tout comme le 6, 7 et 8 et on ira au bout de cette bataille pour faire retirer ce projet". 


Annick BERGER

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