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La Corée du Nord aurait réussi la mise en orbite d'un satellite espion rudimentaire

Les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon dénoncent les nouveaux progrès technologiques de l'armée de Pyongyang. Le module lancé ce mercredi n'aura toutefois que peu d'intérêt stratégique.

Le lancement de la fusée portant le satellite nord-coréen Malligyong-1.
Le lancement de la fusée portant le satellite nord-coréen Malligyong-1. (KCNA via REUTERS)

Par Yann Rousseau

Publié le 22 nov. 2023 à 07:20Mis à jour le 7 déc. 2023 à 18:05

La Corée du Nord a affirmé, ce mercredi matin, qu'elle avait réussi la mise en orbite, dans la nuit, d'un nouveau satellite espion, présenté comme un élément clé de sa stratégie de dissuasion face à son « ennemi » américain et ses alliés.

Selon l'agence de presse KCNA, qui diffuse la propagande du régime, la fusée « Chollima-1 » aurait décollé à 22 h 42 de la base de lancement de Sohae, au nord-ouest du pays, et placé, 705 secondes plus tard, le satellite de reconnaissance « Malligyong-1 » sur l'orbite programmée par les ingénieurs de l'Agence nationale de la technologie aérospatiale. Présent sur la base, le leader nord-coréen, Kim Jong-un, a salué le succès du lancement et expliqué que d'autres satellites similaires seraient déployés « dans un court laps de temps ».

Satellites morts

Ce mercredi, les services de renseignement sud-coréen et japonais continuent d'analyser les données du vol avant de se prononcer sur le succès, ou non, de ce lancement. Plus tôt dans l'année, l'armée nord-coréenne a échoué, par deux fois, à mettre en orbite un engin similaire . Ses fusées avaient explosé tôt dans leur phase ascendante.

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Si la mise en orbite est, cette fois, réussie, Pyongyang devra encore s'assurer qu'il réussit à faire fonctionner son engin. La Corée du Nord avait déjà placé des satellites d'observation de la Terre en orbite en 2012 et en 2016, mais ces deux modules avaient rapidement cessé d'émettre. Ils sont aujourd'hui considérés comme « morts » par les analystes qui doutent de la capacité du régime à embarquer des technologies très sophistiquées. Lorsqu'ils avaient récupéré, au printemps, les restes du satellite nord-coréen retombé en mer après l'échec du lancement de mai dernier, les ingénieurs sud-coréens n'avaient retrouvé que des composants et des capteurs rudimentaires, n'offrant que des mesures de reconnaissance très basiques et des images à faible résolution.

Les experts rappellent, par ailleurs, qu'une armée a besoin de déployer des dizaines de satellites espions pour disposer de véritables capacités de reconnaissance significatives. Du fait de la rotation constante de la Terre, un seul satellite en orbite basse tournant autour de la Terre, toutes les quatre-vingt-dix minutes environ, ne repasse au-dessus d'une zone précise du globe qu'au bout de plusieurs jours et n'a donc que peu d'intérêt stratégique lorsqu'il est opéré seul.

Vives critiques

Malgré ces limites technologiques, le tir de ce mercredi a été vivement critiqué par Séoul, Tokyo et Washington qui s'inquiètent des progrès constants de l'arsenal nord-coréen et accusent Pyongyang de violer systématiquement les résolutions de l'ONU, qui lui interdisent, théoriquement, de développer des technologies liées aux missiles balistiques.

Malgré ces avertissements et de multiples sanctions internationales, le pays a procédé, depuis le début de l'année, à plus de 20 essais d'armes. Pyongyang a testé de nouveaux moteurs de missiles, un missile balistique intercontinental de nouvelle génération , capable de frapper le continent américain, ainsi que des missiles de croisière lancés à partir d'un sous-marin.

Aide de Moscou

Particulièrement outré par le tir de ce mercredi, le gouvernement sud-coréen a annoncé qu'il annulait partiellement l'accord militaire intercoréen qu'il avait signé en septembre 2018 avec le régime de Kim Jong-un, lors d'une brève séquence de réchauffement entre les deux nations. « C'est une mesure indispensable pour notre sécurité nationale », a martelé le Premier ministre, Han Duck-soo. Concrètement, Séoul serait prêt à autoriser son armée à reprendre ses vols de reconnaissance autour de la zone frontalière intercoréenne. Autant de missions qui avaient été suspendues dans le cadre du pacte de 2018.

Dans les prochains jours, Séoul et Washington vont essayer de déterminer dans quelle mesure les ingénieurs russes pourraient avoir aidé leurs homologues nord-coréens à améliorer leur lancement, dans le cadre du récent rapprochement politique entre Moscou et Pyongyang. Lorsqu'il avait reçu Kim Jong-un en septembre, Vladimir Poutine avait indiqué qu'il était disposé à aider Pyongyang à développer de nouveaux satellites dans le cadre d'un plus vaste projet de coopération économique et militaire.

En échange de ce coup de pouce, le régime nord-coréen aurait accepté de fournir des armes aux troupes russes engagées en Ukraine. « Il est beaucoup trop tôt pour que les Nord-Coréens aient intégré l'aide que la Russie a pu accepter de leur fournir », modérait, ce mercredi matin, le professeur Jeffrey Lewis du Middlebury Institute. « Les Russes leur ont peut-être donné quelques conseils », avançait le chercheur.

Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)

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