C’est désormais officiel : Boris Johnson a menti, délibérément et de manière répétée dans l’enceinte du Parlement britannique en affirmant, entre fin 2021 et mi-2022, que « les règles ont été suivies à tout moment » à Downing Street pendant la pandémie, alors que les fêtes d’anniversaire et autres pots de départ qui s’y tenaient à l’époque violaient les règles du confinement. Voici l’accablante conclusion à laquelle a abouti le « comité des privilèges », la commission disciplinaire de Westminster, dans un rapport sur le « partygate » publié jeudi 15 juin.
Fruit de plus d’un an d’enquête, la teneur de ce rapport ne constitue pas une surprise pour l’ancien premier ministre conservateur : il a provoqué sa démission du Parlement vendredi 9 juin. Boris Johnson venait d’en prendre connaissance et il a préféré partir de lui-même, prétendant être victime d’une « chasse aux sorcières » et injuriant la commission (en la qualifiant de « tribunal fantoche »), plutôt que de subir l’humiliation d’une sanction et d’un probable rejet par les électeurs de sa circonscription d’Uxbridge (ouest de Londres).
Cette sortie tonitruante a certainement aggravé son cas aux yeux du comité. Présidé par une députée travailliste, Harriet Harman, mais à majorité conservatrice, il a constaté que M. Johnson avait non seulement « outragé » à de multiples reprises le Parlement en mentant sur les fêtes alors qu’il connaissait leur existence et savait qu’elles violaient les règles, mais aussi en « participant à une campagne d’intimidation » contre l’institution.
Une des pires fautes qu’un député puisse commettre
Le comité a recommandé une suspension de la Chambre des communes de quatre-vingt-dix jours pour M. Johnson (toute théorique puisqu’il a démissionné), mais il a aussi proposé qu’il ne puisse pas bénéficier, contrairement à l’usage pour les ex-députés, d’un laissez-passer pour accéder au palais de Westminster.
Outrager le Parlement est une affaire extrêmement sérieuse au Royaume-Uni. C’est même une des pires fautes qu’un député puisse commettre à la Chambre des communes, car, rappelle le comité dans son rapport, « notre démocratie repose sur la capacité des élus à croire ce que leur disent les ministres ». Boris Johnson est le premier premier ministre de l’histoire britannique à être condamné pour avoir délibérément menti au Parlement. Il rejoint la liste infamante des élus accusés d’outrage, aux côtés du ministre de la guerre John Profumo, poussé à la démission au début des années 1960 pour avoir menti sur sa relation extraconjugale avec une jeune mannequin.
Il vous reste 47.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.