Tant que les majors du pétrole gagnent de l’argent avec leurs hydrocarbures, elles continuent de miser dessus. Après des pertes historiques en 2020 – du fait de la pandémie de Covid-19 –, les cinq plus grandes compagnies affichent à présent des profits tout aussi inédits pour l’année 2022 : 153,5 milliards de dollars de bénéfice net (143,1 milliards d’euros) – et même flirtant avec les 200 milliards de dollars de résultat net ajusté, c’est-à-dire hors provisions et éléments exceptionnels. Une forte demande avait déjà tiré à la hausse les prix du gaz et du pétrole, puis la guerre en Ukraine les a encore exacerbés.
Depuis son siège de la Défense, dans les Hauts-de-Seine, mercredi 8 février, le groupe TotalEnergies a annoncé un bénéfice de 20,5 milliards de dollars, soit environ 19,1 milliards d’euros. Ce chiffre marque une hausse de 28 % par rapport à l’exercice précédent. Autre indicateur très suivi, le résultat net ajusté s’élève à 36,2 milliards de dollars, le double par rapport à 2021. Par définition, celui-ci ne tient pas compte des événements exceptionnels, ici les provisions de pertes liées aux participations de la société en Russie.
Ces mégaprofits ne manqueront pas de relancer le débat national sur la redistribution et l’utilisation de ces richesses. Investissements pour le climat, rémunérations des salariés, rétributions des actionnaires, compensations pour les consommateurs affectés par la hausse du prix à la pompe… L’éventail des possibilités est infini.
Un débat mondial, en réalité au vu des résultats stratosphériques des autres géants mondiaux du pétrole : 59,1 milliards de dollars de résultat ajusté (+ 157 %) pour l’américain ExxonMobil ; 36,5 milliards (+ 134 %) pour son compatriote Chevron ; 27,7 milliards (+ 116 %) pour le britannique BP… malgré une perte nette de 2,5 milliards, liée au contexte russe ; 39,9 milliards (+ 107 %) pour l’anglo-britannique Shell. Sans parler de l’entreprise Equinor, hors de ce club des cinq : la compagnie sous le contrôle de l’Etat norvégien devait présenter ses résultats annuels mercredi 8 février après-midi, après avoir affiché un résultat net ajusté de 59,9 milliards de dollars au terme… des neuf premiers mois de l’année 2022.
Etre « du bon côté de l’histoire »
L’écrasante majorité de leurs profits, ces entreprises la tirent toujours du pétrole et du gaz. En 2021, par exemple, les produits pétroliers et le gaz naturel représentaient respectivement 44 % et 48 % des ventes de TotalEnergies. C’est aussi le secteur dans lequel elles continuent d’investir le plus. D’abord pour entretenir leurs capacités. Ensuite pour en développer d’autres, malgré la recommandation, formulée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’éviter tout investissement dans de nouvelles installations liées à ces deux énergies fossiles – deux énergies parmi les principales responsables du dérèglement climatiques, derrière le charbon.
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