Insultes, agressions, harcèlement : les dix chiffres à retenir sur l'état des lieux des violences anti-LGBT+

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Insultes, agressions, harcèlement : les dix chiffres à retenir sur l'état des lieux des violences anti-LGBT+

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Les crimes et délits anti-LGBT+ ont augmenté de 12% en 2021 par rapport à 2019, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur.
Les crimes et délits anti-LGBT+ ont augmenté de 12% en 2021 par rapport à 2019, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur.
© AFP - VINCENT KOEBEL / NURPHOTO

A l'occasion de la 17ème journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, voici dix chiffres à retenir sur l'état des lieux de ces violences en France.

Le 17 mai marque, depuis 17 ans, la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Cette année, les crimes et délits anti-LGBT+ ont augmenté de 12% par rapport à 2019, la dernière année de référence avant la crise sanitaire, selon le ministère de l’Intérieur. En parallèle, l’association SOS Homophobie publie comme chaque année un rapport sur l’état des lieux de ces violences, à partir des témoignages recueillis sur ses plateformes d’écoute. Voici les dix chiffres à retenir.

+12% de crimes et délits anti-LGBT+ en 2021

Les plaintes déposées pour crimes et délits envers des personnes LGBT+ ont augmenté de 12% en France par rapport à 2019, la dernière année précédant l'épidémie, selon le ministère de l'Intérieur. Ces plaintes ont augmenté de 28% par rapport à 2020, mais il s'agit d'un chiffre moins représentatif, dans la mesure où cette année là les Français ont été largement confinés. Selon le ministère de l'Intérieur, près d'un crime ou délit sur deux a lieu dans l'espace public. En cinq ans, sur la période 2016-2021, le nombre d'actes anti-LGBT+ a doublé (+104%) souligne dans une note le Service statistiques du ministère.

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Plus de 2.100 crimes et délits enregistrés par les forces de l'ordre

2.170 crimes et délits contre des personnes lesbiennes, gay, bi et trans ont été enregistrés par la police et la gendarmerie. Si l'on y ajoute les 1.620 contraventions dressées (+32% par rapport à 2019), les forces de l'ordre ont enregistré au total 3.790 atteintes "commises en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre". 90% des contraventions, et 59% des atteintes totales concernent des injures ou diffamations, précise encore le ministère.

Seule une personne sur cinq porte plainte

En moyenne, seules 20% des personnes LGBT+ agressées déposent plainte selon l'enquête Cadre de vie et sécurité, menée sur la période 2012 à 2018. Concernant les injures, ce taux chute à 5%.

53% ont lieu en milieu urbain

Ces atteintes ont lieu en majorité en milieu urbain, à 53% dans des agglomérations de plus de 200.000 habitants. Toutefois, le ministère de l'intérieur souligne que "cette proportion a diminué au cours des deux dernières années".

73% d'hommes victimes

Les victimes qui portent plainte sont en majorité des hommes (73%), âgés de moins de 30 ans (51%), selon le ministère de l'Intérieur.

En parallèle du ministère, SOS Homophobie publie chaque année un rapport à partir des témoignages recueillis anonymement par téléphone, chat'écoute ou par mail. En 2021, l'association a recueilli 1515 témoignages (en large baisse par rapport à 2020), mais souligne que 1620 personnes ont consulté sa nouvelle plateforme d'informations en ligne, qui permet de se renseigner sans échanger avec un membre de l'association. Ces chiffres illustrent donc davantage des tendances de fond.

La transphobie en hausse, selon SOS Homophobie

SOS Homophobie a reçu 179 témoignages d'actes transphobes, qu'il s'agisse de discriminations, injures ou agressions. Un chiffre en légère hausse par rapport à 2020 (168 cas), mais significative dans la mesure où moins de personnes ont répondu, selon l'association. Désormais, la transphobie est le deuxième pôle de signalements, après les agressions contre les hommes gays (gayphobie), qui sont historiquement les plus nombreux à témoigner auprès de l'association (625 signalements). Par ailleurs, un quart des personnes qui ont témoigné de transphobie ont moins de 25 ans . Les discriminations, le harcèlement et les agressions ont lieu dans les "lieux publics", en "consultation médicale", "en ligne", "en famille", mais aussi à l'école.

La famille, deuxième pôle de violence après le harcèlement en ligne

15% des témoignages recueillis par SOS Homophobie relatent des faits de violences intrafamiliales, un chiffre en hausse par rapport à 2020 (13%), où elles étaient déjà fortes du fait des confinements. Il s'agit du deuxième contexte le plus cité par les victimes, après le harcèlement en ligne (18%) - qui est un peu moins cité qu'en 2020 - le travail, le voisinage et les commerces/services, qui regroupent chacun 11% des faits rapportés.

En famille, dans 46% des cas, les violences sont le fait d'un ou des deux parents. Il s'agit principalement de rejet selon les victimes (76%), parfois physique (exclusion du domicile ou bien interdiction de sortir…), et 36% rapportent des insultes. Maxime, 17 ans, est bi. Il raconte dans l'enquête son père violent qui lui répond "Bah suicide-toi !" lorsqu'il lui confie son mal-être.

47% des violences anti-LGBT+* sont perpétrées en groupe

Un phénomène de "bande" ressort du rapport de SOS Homophobie, notamment au travail, dans le milieu scolaire et la police/gendarmerie. 47% des discriminations et violences rapportées ont été commises par des groupes : mixtes (32%), d'hommes (13%) et de femmes (2%). Mais la majorité des violences contre la communauté LGBTI+ restent le fait d'hommes seuls (38%).

Le harcèlement au travail en hausse de 2%

11% des actes rapportés ont eu lieu au travail en 2021, contre 9% en 2020. Parmi les principales formes de discriminations et de violences, la plus citée est le rejet (57%), suivie du harcèlement par des collègues (49%) voire d'insultes de leur part (48%). Dans près de la moitié des cas, il y a un effet de groupe. Lukas raconte notamment le harcèlement subi durant deux ans par un de ses collègues, un DRH raciste et homophobe, le traitant parfois de " PD " ou de " facho qui recrute des gouines ".

62 cas d'atteintes anti-LGBT+ en milieu scolaire ou dans l'enseignement supérieur recensés par SOS Homophobie

Harcèlement, violences verbales ou physiques, isolement…Dans 81% des cas les victimes sont des élèves, dont 58% de mineurs, selon SOS Homophobie. Les principaux lieux de violence cités sont le collège et le lycée. Un élève de première rapporte des menaces de mort : "Sale PD de merde, je vais repeindre les murs avec ton sang".

Mais l'association regrette également l'inaction, parfois, voire le comportement transphobe, de l'équipe encadrante. "Il est crucial de proposer des formations adaptées au corps professoral", estime-t-elle. Si elle salue la mise en place d'une circulaire sur l'accueil des enfants transgenres l'école, elle regrette la nécessité d'un "accord parental", qui "va à l'encontre du principe même d'autodétermination" pour tout les enfants mineures.

*SOS Homophbie utilise le terme de LGBTIphobies pour les atteintes anti-LGBT+.

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