Élections présidentielles américaines 2024
Élections américaines

Présidentielle américaine: pourquoi le "Super Tuesday" ne sera pas si super cette année

Une femme participe à la primaire démocrate en vue de l'élection présidentielle, lors du "Super Tuesday", le 3 mars 2020 à Herndon (Virginie, États-Unis).

Une femme participe à la primaire démocrate en vue de l'élection présidentielle, lors du "Super Tuesday", le 3 mars 2020 à Herndon (Virginie, États-Unis). - AFP

Le Super Tuesday, journée électorale qui voit 15 États américains voter aux primaires, devrait confirmer un peu plus l'issue inévitable de cette élection: un duel Trump-Biden en novembre.

C'est la journée la plus importante des primaires américaines. Le "Super Tuesday" qui a lieu ce mardi 5 mars est un rendez-vous incontournable du calendrier électoral. En effet, ce ne sont pas moins de quinze États qui organisent simultanément leurs primaires pour la présidentielle.

Du Maine à la Californie, du Texas à la Virginie, de l'Alaska à l'Arkansas, des millions d'Américains sont appelés aux urnes pour désigner leurs prétendants démocrate et républicain à l'élection de novembre.

"Ce vote simultané a pour effet de nationaliser l'enjeu des primaires et fait donc l'objet d'une attention médiatique énorme", explique Olivier Richomme, professeur de civilisation américaine à l’université Lumière Lyon-2.

Nikki Haley, seule challenger

Le Super Tuesday peut propulser certains candidats vers l'investiture, ou au contraire doucher définitivement les aspirations d'autres. Sauf que cette année, le scrutin a une saveur un peu différente, tant il paraît joué d'avance.

Côté républicain, seuls deux candidats sont encore en lice. Donald Trump, 77 ans, est de très loin le favori, en dépit de ses ennuis judiciaires. À l'exception de la primaire de Washington D.C., l'ex-président a gagné toutes les primaires organisées par son parti depuis janvier et, ce faisant, écrémé une grande partie de la concurrence républicaine.

Nikki Haley, 52 ans, est encore la seule à se tenir sur sa route. Jusqu'à sa victoire symbolique dimanche soir à Washington, elle avait enchaîné les défaites cuisantes, et a même perdu dans l'État dont elle a été gouverneure, la Caroline du Sud.

Mais l'ex-ambassadrice à l'ONU s'accroche: les 40% de voix qu'elle a récoltées dans son État et dans le New Hampshire lui font dire que la nomination de Donald Trump "n'est pas exactement un couronnement".

Le match plié à la mi-mars?

Selon les sondages, Donald Trump devrait rafler chacun des prochains États en jeu, s'appuyant, comme toujours, sur une base de fidèles extrêmement solide. Si les primaires peuvent en théorie s'étirer jusqu'en juillet, son équipe prévoit une victoire "le 19 mars" au plus tard.

Le milliardaire doit remporter au moins 1.215 des 2.429 délégués qui éliront cet été le candidat républicain à l'élection présidentielle. Il a gagné dans les huit États et territoires ayant déjà voté, et a donc déjà engrangé plus de 247 délégués, contre seulement 24 pour Nikki Haley. Lors du "Super Tuesday", plus d'un tiers des délégués du parti sont en jeu.

Le système de vote républicain est à l'avantage du milliardaire. La plupart des quinze États qui tiendront des primaires ce mardi attribuent en effet leurs délégués sur le même principe: le candidat obtenant le plus de voix rafle la mise, et remporte tous les délégués de l'État.

Une bonne deuxième place peut ainsi déboucher sur zéro délégué supplémentaire. Pour Nikki Haley, ce système réduit ses chances à quasi-néant, puisqu'il tend à avantager les favoris. "Donald Trump a préparé le terrain. Depuis plusieurs années, il fait pression sur son parti pour changer les règles d'allocation des délégués pour qu'elles lui soient favorables", souligne Olivier Richomme.

Nikki Haley n'a pas dit ce qu'elle comptait faire en cas de nouvelle déconvenue ce mardi. Elle avait jusqu'ici assurer vouloir "continuer jusqu'au Super Tuesday".

Primaires républicaines: Donald Trump enfonce le clou sur les terres de Nikki Haley
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18:48

Joe Biden assuré d'être investi

Côté démocrate, le président-candidat Joe Biden, 81 ans, ne fait face à aucune opposition sérieuse. Les candidatures de deux démocrates lancés à sa poursuite, l'élu du Minnesota Dean Phillips et l'autrice à succès Marianne Williamson, n'ont jamais vraiment suscité d'enthousiasme. Les élections de mardi relèvent donc quasiment de la formalité, comme c'est souvent le cas pour un président en exercice.

Le Super Tuesday sera toutefois surveillé de près par l'État-major démocrate en vue de l'élection présidentielle, car certains indicateurs n'incitent pas à l'optimisme.

Mardi 27 février, lors d'une primaire démocrate dans l'État du Michigan, Joe Biden a fait face à une importante fronde. Dans cet État à forte population musulmane et arabe, plus de 100.000 personnes ont mis l'équivalent d'un vote blanc dans les urnes, répondant à un appel à faire pression sur le président américain pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Ce résultat est inquiétant pour le dirigeant démocrate car il avait remporté le Michigan face à Donald Trump, il y a quatre ans avec quelque 150.000 voix d'avance.

"Du côté démocrate, la moindre faille dans la campagne de Biden va être regardée de près", indique Olivier Richomme. Alors que les sondages lui sont défavorables, "chaque défection entame ses chances d'être réélu en novembre".

François Blanchard