Inégalités salariales : les femmes « travaillent gratuitement » à partir de 11h25 ce lundi

Selon le calcul réalisé chaque année par la lettre d’information féministe « Les Glorieuses », les femmes travailleront « gratuitement » à partir de 11h25 et ce, jusqu’à la fin de l’année.

En 2023, les femmes gagnent en moyenne 15,4% de moins que les hommes. (Illustration) LP / Matthieu de Martignac
En 2023, les femmes gagnent en moyenne 15,4% de moins que les hommes. (Illustration) LP / Matthieu de Martignac

    À partir de 11h25 ce lundi 6 novembre, les femmes commencent à « travailler gratuitement ». Et ce, jusqu’à la fin de l’année. Cette heure et cette date « symbolique » sont calculées chaque année à partir de statistiques européennes sur l’écart de salaire entre les femmes et les hommes en France par la lettre d’information féministe « Les Glorieuses », qui dénonce les inégalités salariales persistantes.

    Concrètement, en 2023, les femmes « pourraient s’arrêter de travailler le 6 novembre à 11h25 si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui, toujours en moyenne, à l’année », relève la newsletter dans un communiqué. Cette année, les femmes gagnent en moyenne 15,4 % de moins que les hommes.

    L’an dernier, l’écart salarial atteignait 15,8 %, ce qui avait amené « Les Glorieuses » à déterminer la date symbolique au 3 novembre à 09h10. « Cela fait huit ans qu’on fait ce calcul, ça varie très peu, il y a une vraie stagnation », observe auprès de l’AFP Rebecca Amsellem, fondatrice de la newsletter à l’origine d’une pétition qui réclame la mise en place de trois politiques publiques visant à favoriser l’égalité salariale.

    « Deux avancées notables » en 2023

    « C’est un vrai sujet qui a fait l’objet de beaucoup de lois et on se rend compte que les résultats ne sont pas à la hauteur, il est temps de passer la seconde », a pour sa part commenté lundi matin sur France Inter Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT. « Il faut être beaucoup plus offensif pour attaquer l’ensemble des sujets qui font que les hommes gagnent plus que les femmes à travail égal. Il y a plusieurs angles d’attaque : il y a la question de la reconnaissance des compétences, il y a un enjeu autour de la lutte contre les temps partiels, les contrats courts. Ce sont des sujets concrets sur lesquels le gouvernement peut avoir un rôle », a ajouté la responsable syndicale.

    « Les Glorieuses » demandent pour leur part une revalorisation des salaires des professions où les femmes sont les plus nombreuses et plaide pour un congé post-naissance équivalent pour les deux parents. Elles souhaitent également que l’accès aux marchés publics et l’obtention de subventions et de prêts garantis par l’État soient conditionnés « au respect de l’égalité salariale », afin de « s’assurer que le budget alloué par les fonds publics n’accentue pas les inégalités ».



    Si « beaucoup de choses restent encore à faire », « deux avancées notables » ont été obtenues cette année sur la question de la transparence en matière de salaires, relève Rebecca Amsellem. Selon un arrêt de la Cour de cassation daté du 8 mars, une salariée peut légitimement demander la communication de bulletins de paie de salariés masculins occupant des postes de niveau comparable au sien.

    Une directive européenne, destinée à contraindre les employeurs dans l’UE à la transparence pour garantir une égalité de rémunération entre femmes et hommes, a par ailleurs été adoptée et devra être transposée par les États membres dans leur droit national d’ici juin 2026, se félicite Rebecca Amsellem.