La sécheresse 2023 s’annonce pire que celle de l’année précédente dans une grande partie du territoire de la métropole. Le bilan du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ne laisse guère de doute à ce sujet, compte tenu de l’état des nappes souterraines au 1er mars. Sols craquelés, rivières et étangs à sec : il faut s’attendre à des difficultés cet été. Et même à « des situations tendues dès le début du printemps », prévient-il dans son bulletin rendu public lundi 13 mars. Les précieuses réserves ne sont pas parvenues à se reconstituer ; le niveau de 80 % d’entre elles est inférieur à la normale. En comparaison, moins de la moitié se trouvaient dans ce cas à la même période en 2022. Actuellement, près de 45 % des nappes ont rejoint le stade inquiétant de « bas », voire « très bas ».
Durant l’automne 2022, les pluies efficaces ont été limitées. Par endroits, elles n’ont débuté qu’en janvier, soit avec un à deux mois de retard. Elles n’ont donc pas suffi à recharger des nappes « fragilisées par une succession d’années déficitaires », rapporte le BRGM. Pire, elles se sont arrêtées net en février : la tendance s’est alors inversée et elles ont commencé à décliner. Voilà qui rappelle le mauvais souvenir de 2022, où cet « arrêt brutal » s’était déjà produit en février.
Même s’il pleut de façon soutenue dans les prochains jours, la reconstitution des réserves paraît « difficilement envisageable d’ici au printemps et à la reprise de la végétation », observe le BRGM, qui s’attend à une « probable dégradation lente sur les prochaines semaines ». En effet, en avril, le développement des plantes et des cultures va accroître le phénomène d’évapotranspiration en absorbant l’humidité des sols, empêchant d’autant l’infiltration des précipitations. De surcroît, le manteau neigeux, faible, n’apportera pas beaucoup de soutien dans les Pyrénées. Et Météo-France prévoit des températures plus élevées que la moyenne dans les prochains mois, rapporte le service géologique.
Inquiétude générale
La situation est préoccupante dans plusieurs régions ; en particulier le couloir Rhône-Saône – de la Bourgogne à la Drôme –, qui a déjà précédemment souffert de deux recharges hivernales successives déficitaires. La plaine du Roussillon, le Limousin sont aussi classés en rouge. Cependant, l’inquiétude est générale. « Ce qui est inédit, c’est que ce phénomène touche presque toute la France », constate Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.
La liste des départements soumis à des restrictions d’usage de l’eau pourrait donc s’étoffer par rapport à 2022, ceux de l’Ile-de-France notamment pourraient l’allonger. Dans le centre du Bassin parisien, en effet, certains des piézomètres qui mesurent la hauteur des nappes souterraines n’ont pas enregistré la moindre recharge ces derniers mois.
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