Guerre en Ukraine : débat houleux en vue à l'Assemblée nationale sur l'accord entre Paris et Kiev

par La rédaction de TF1info avec Léonard Attal
Publié le 12 mars 2024 à 7h00

Source : TF1 Info

L'accord de sécurité franco-ukrainien, signé en février, doit être débattu ce mardi à l'Assemblée nationale.
Si le vote n'aura pas de portée en raison de son caractère symbolique, les débats, eux, promettent d'être vifs.
L'opposition accuse le gouvernement de se servir de la guerre pour faire campagne aux élections européennes.

La guerre en Ukraine s'invite à l'Assemblée nationale. L'hémicycle va étudier ce mardi la stratégie française d'aide envers Kiev, lors d'un débat suivi d'un vote. Si ce dernier doit être symbolique, il va surtout servir de confrontation entre le camp présidentiel, le RN et LFI à trois mois des élections européennes.

Au centre des discussions : l'accord franco-ukrainien, conclu pour une durée de dix ans. Celui-ci comprend un renforcement de la coopération militaire, en particulier dans les domaines de l'artillerie et de la défense aérienne. En 2024, Paris promet ainsi de fournir "jusqu'à 3 milliards d'euros de soutien supplémentaire". Ce financement pourrait être remis en cause par les oppositions, alors que le gouvernement vient d'annoncer une série de coupes budgétaires.

Une instrumentalisation à des fins électorales ?

La déclaration du gouvernement, attendue selon nos informations pour 16h30, devrait durer une trentaine de minutes. Le Premier ministre Gabriel Attal a donné le ton samedi à Lille lors du meeting du camp présidentiel : "Pour le RN, face à la Russie, toutes les mollesses, toutes les faiblesses sont bonnes", a-t-il lancé. De quoi annoncer une ambiance tumultueuse au Palais-Bourbon : tous les groupes vont s'exprimer à tour de rôle, alors que plusieurs responsables politiques ont dénoncé une instrumentalisation de la question ukrainienne à des fins électorales. 

"Exploiter le conflit en Ukraine pour les élections européennes françaises est honteux, indigne et pitoyable !", a notamment écrit sur X le président des Républicains (LR), Éric Ciotti. "Ces procès en russophilie sont à côté de la réalité et sont là pour détourner les électeurs des vrais enjeux", a pour sa part estimé le vice-président du RN Sébastien Chenu sur France 3.

"On va voter pour sans que ce soit un blanc-seing"

Dans ce contexte inflammable, les votes seront suivis avec attention. Si un vote favorable est attendu de la part du groupe Les Républicains, celui des Écologistes et du Parti socialiste a fait l'objet d'âpres discussions. Selon nos informations, ils devraient finalement se positionner en faveur de l'accord. "On va voter pour sans que ce soit un blanc-seing", a fait savoir un député socialiste.

Plus à gauche en revanche, le non l'emportera. Le coordonnateur de LFI Manuel Bompard, opposé à un accord "qui contient en son sein la perspective de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et à l'UE", a mis en avant des "lignes rouges". Interrogé sur Europe 1, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a, lui aussi, affirmé que son groupe voterait contre "si le discours du Premier ministre reprend les éléments qu'il y a dans le traité". L'évocation de l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan est une "provocation", a-t-il estimé, en accusant le camp présidentiel de devenir "le parti de la guerre".

Quid du Rassemblement national ? Officiellement, le groupe fait savoir qu'il attend la teneur du discours du Premier ministre pour se prononcer. Mais selon nos informations, l’abstention est la solution privilégiée. "Il est difficile de voter contre car c’est le but recherché et le piège qui nous est tendu […] Et il est difficile de voter pour après les mots d'Emmanuel Macron… sauf si le Premier ministre prend un engagement ce mardi", a résumé un député RN.

Seule certitude, à quelques heures des débats : les oppositions, au-delà du RN et de LFI, sont particulièrement remontées par les récentes sorties d'Emmanuel Macron. En effet, ce dernier n'exclut pas l'envoi de troupes au sol en Ukraine et ne veut "aucune limite" dans le soutien à Kiev. Une posture "irresponsable", jugent leurs représentants qui sont sortis courroucés de leur rendez-vous avec le chef de l'État sur le sujet jeudi dernier. Vladimir Poutine, "il a entendu quoi comme message de la part des Occidentaux ? Des lignes rouges avant tout", a rétorqué dimanche sur LCI la tête de liste de la majorité présidentielle pour les élections européennes, Valérie Hayer. Or "je pense que c'est très important d'envoyer un message très clair à Vladimir Poutine : nous, la France, nous, les Européens, nous aiderons l'Ukraine jusqu'au bout".


La rédaction de TF1info avec Léonard Attal

Tout
TF1 Info