Contraception masculine : une pilule, qui immobilise temporairement les spermatozoïdes, est à l'étude

Publié le 15 février 2023 à 12h52

Source : JT 20h WE

Une étude menée sur des souris, publiée mardi 14 février, ouvre une piste prometteuse.
Il s'agit d’une pilule qui immobilise les spermatozoïdes pendant plusieurs heures.
Des essais sur l'homme devraient débuter d'ici à trois ans.

Et si l'égalité hommes-femmes se jouait aussi sous la couette ? Car dans le domaine de la contraception, la science n’avance pas vite côté masculin. En cause, des raisons complexes qui tiennent à un faible intérêt de l'industrie pharmaceutique, comme à de réels défis à surmonter sur le plan physiologique. Résultat, en 2022, les seuls moyens disponibles en France sont le préservatif ou, plus radical, la vasectomie. 

Un contraceptif "ponctuel"

Pourtant, depuis des décennies, les chercheurs travaillent sur une pilule masculine avec des résultats intéressants après des tests chez l'humain. Mais il reste encore à les confirmer sur des échantillons plus larges. Une nouvelle étude, publiée mardi 14 février dans la revue Nature Communications, semble tout aussi prometteuse. Une molécule est en effet parvenue "à réduire la fertilité masculine rapidement et provisoirement chez des souris", résume un communiqué.

Seul bémol, cette étude en est à un stade très précoce puisqu'elle a été effectuée sur des rongeurs. Néanmoins, elle a l'intérêt d'ouvrir une nouvelle piste puisqu'il s'agit d'un contraceptif "ponctuel" et non, comme la pilule féminine, un traitement à prendre sur la durée pour assurer son effet. La molécule étudiée bloque l'action d'une enzyme, l'adénylate cyclase soluble, qui joue un rôle central dans la mobilité des spermatozoïdes. Ces derniers se trouvent donc bloqués pendant plusieurs heures.

Chez les souris étudiées, la molécule a évité toutes les gestations quand les rapports ont eu lieu dans les deux heures après l'administration. En revanche, elle n'avait plus aucun effet 24 heures après, sans par ailleurs que des effets secondaires soient signalés. Reste qu'il est impossible de savoir, en l'état, si ce traitement fonctionnerait de la même manière chez l'humain. Les chercheurs envisagent d'entamer des essais d'ici à trois ans.

"Je reste un peu sceptique quant au fait que cette méthode trouve un jour à être commercialisée", a admis auprès de l'AFP la chercheuse britannique Susan Walker, spécialiste de la contraception, qui n'a pas participé à l'étude. Cependant, si cette dernière reste prudente au vu de l'échec de nombreuses tentatives, elle reconnaît un "avantage frappant" à ce traitement potentiel, la promesse d'une efficacité immédiate. Dans la vraie vie, remarque-t-elle, cela pourrait rassurer une femme qui constaterait que son partenaire prend cette pilule devant elle.


Virginie FAUROUX

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