Au Brésil, la nouvelle a sonné comme un brutal coup de tonnerre à la veille des festivités du carnaval. Jeudi 8 février, une opération de police d’une ampleur sans précédent a frappé l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro, ainsi que plusieurs dizaines de ses proches. En cause, rien de moins que l’organisation supposée, en 2022, d’un coup d’Etat afin de renverser les résultats de l’élection présidentielle, alors remportée par Luiz Inacio Lula da Silva.
Baptisée « Tempus Veritatis » (« l’heure de vérité », en latin) et ordonnée par Alexandre de Moraes, juge au Tribunal suprême fédéral, l’opération a été menée dans dix Etats de la Fédération brésilienne et a abouti à trente-trois mandats de perquisitions et quatre peines de prison préventive. Ancien chef de l’Etat, ministres, collaborateurs et haut gradés : tout l’édifice du bolsonarisme a été passé au peigne fin par la police.
Dans un communiqué, les forces de l’ordre ont dit avoir visé une « organisation criminelle » ayant pris part à une « tentative de coup d’Etat » avec pour objectif le maintien au pouvoir de Jair Bolsonaro et « l’abolition violente de l’Etat démocratique de droit » au Brésil. Des faits d’une gravité sans précédent depuis la chute du régime militaire il y a quatre décennies.
L’opération de police a été facilitée par les aveux du lieutenant-colonel Mauro Cid, un intime de Jair Bolsonaro, dont il fut l’aide de camp au pouvoir. Arrêté en mai 2023, celui-ci a accepté de signer un accord de « délation récompensée », soit un allégement de peine en échange d’une collaboration avec la justice. Les enquêteurs ont ainsi pu avoir accès à quantité de messages écrits et audio échangés entre le militaire et l’entourage de l’ancien président.
Pour Jair Bolsonaro, le résultat est accablant. Lors de ses perquisitions, la police a pu retrouver des brouillons de documents officiels prévoyant l’instauration d’un Etat d’exception, l’organisation de nouvelles élections ou l’incarcération de plusieurs figures publiques, dont le juge Alexandre de Moraes, bête noire de l’extrême droite. Les déplacements de ce dernier étaientsurveillés par le pouvoir, et une date – le 18 décembre 2022 – aurait même été fixée pour sa mise en détention.
Conspiration d’ampleur
« Tout démontre que des actions exécutives pour un coup d’Etat étaient en cours », a insisté Alexandre de Moraes dans sa décision. Ces « actions » auraient d’ailleurs débuté dès juillet 2022, trois mois avant la présidentielle. « Je vais rentrer sur le terrain en utilisant mon armée ! », déclare alors sans complexe Jair Bolsonaro face à ses ministres lors d’une réunion au plus haut niveau, filmée par une caméra.
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